Un peu plus tôt dans la semaine je vous parlais de répétition espacée. Dans l’article, j’abordais les notions de cartes mémoires. On les appellera désormais flash cards car c’est de la sorte qu’elles sont plus communément appelées. J’expliquais comment apprendre plus efficacement grâce à elles, avec la répétition espacée. Toutefois, je ne suis pas rentré dans le détail de leur fonctionnement et surtout, je ne me suis pas penché sur la question : comment faire de bonnes flash cards. C’est ce que nous allons voir ici.
Alors d’abord, soyons bien clair. Une flash card est tout simplement une carte recto verso avec une question au recto et une réponse au verso. Rien de plus. Le but est de pouvoir associer mentalement la question à la réponse pour pouvoir apprendre les informations et les restituer le plus facilement possible.
Tout a l’air bien beau et bien simple dit comme ça. Les flash cards sont effectivement une méthode très puissante d’apprentissage et de mémorisation, car elles font appel à un apprentissage et à des révisons actives (à l’heure où tout le monde préfère un apprentissage passif, parce qu’il demande moins d’efforts). Mais en réalité, bien que le concept ait l’air simple, si vous voulez être au top de l’efficacité et ne pas tomber dans le piège de la contre-productivité, il va falloir respecter les astuces que je vous donne dans cet article. En tout 9 règles à suivre pour 1) faire de meilleures cartes mémoires et 2) les étudier plus efficacement.
C’est parti.
1 – Faites vos propres flash cards
S’il y a une chose à savoir avant de rentrer dans plus de détails, c’est bien celle-ci : l’importance de faire vos propres flashcards. Même s’il est possible d’en acheter des packs entiers dans à peu près tous les domaines que vous pouvez imaginer ; même si les applications web ou mobile permettent d’en télécharger à la pelle, il est presque toujours préférable de réaliser des flash cards qui vous sont propres.
Alors je dis presque toujours, parce qu’en effet, il existe certaines exceptions. Il faut prendre en considération le temps que vous passez à les réaliser et les résultats que vous en tirez. Si vos résultats sont optimaux avec vos propres flash cards, alors préférez cette solution que je préconise, mais si les résultats sont certes légèrement moins optimaux, mais tout de même très convenables avec des flash cards pré-faites, alors pourquoi ne pas opter pour cette solution. Vous gagnerez beaucoup de temps, sans trop altérer vos résultats. Toutefois, pour le moment je ne connais qu’une application qui permette cette alternative : MosaLingua, pour apprendre les langues car elle met en valeur plusieurs autres méthodes qui conduisent au final à une solution ultra efficace.
Bref, dans la plupart des cas, faire vos propres flash cards sera la meilleure solution car celles-ci sont le fruit de votre création, de votre imagination, elles implémentent les processus d’action et d’émotion (dont je parle dans cet article). Tout ceci réunit, permet de créer de bien meilleures connexions dans votre cerveau, pour une bien meilleure mémorisation. Make sense !
2 – Qu’est-ce qui fait une bonne flash card ?
Les images
Un principe de la psychologie cognitive nous dit que toute personne est plus apte à se souvenir de quelque chose si une image ou une association visuelle rentre en jeu dans le processus de mémorisation, plutôt que simplement un texte ou des mots. Ce principe est le Picture Superiority Effect. Regardez cette très courte vidéo pour mieux comprendre.
Et sans être un scientifique avisé, cette affirmation fait particulièrement sens ! L’écriture est née il y a seulement 5 000 ans environ. Vous allez me dire que ce n’est déjà pas mal. Oui, mais l’homme, lui, est sur terre depuis plus de 200 000 ans. Alors il est normal que notre cerveau soit plus adapté à apprendre en considérant les images plutôt que les mots.
Bref, tout ça pour dire qu’il vous faut ajoutez des images à vos flash cards pour les mémoriser plus facilement. Pour ce faire, je vous conseille de faire un dessin par carte. C’est le plus simple à faire et certainement le plus efficace car votre dessin sera plein de sens, d’action et d’émotion pour vous. Pas besoin d’une œuvre d’art, un dessin simple mais explicite suffit (suivez bien le point suivant pour bien comprendre). Si vous n’avez vraiment pas la main créatrive, vous pouvez aussi très bien ajouter des images tirées d’internet (c’est plus facile lorsqu’on crée nos cartes sur une application).
Allons encore plus loin. Les images, c’est bien, mais il ne faut pas oublier de les associer à du texte. Selon cette étude : Picture Recognition Improves With Subsequent Verbal Information, une phrase descriptive d’une image placée à côté de celle-ci permet drastiquement d’augmenter le taux de mémorisation de l’image.
Donc pour résumé : des images et du texte lié à ces images et on a déjà fait un pas de géant dans la conception de nos cartes mentales. Mais malheureusement, ce n’est pas toujours pas suffisant.
Actions, émotions : mnémotechnique
Dans cet article sur la mémorisation, je parle de l’importance de l’action et de l’émotion pour mémoriser plus efficacement. Et bien nous allons l’implémenter dans nos flash cards. L’idée est de faire des images qui nous parlent profondément, qui nous évoquent réellement quelque chose (c’est pourquoi je vous recommande les dessins). Par exemple, pour mémoriser le symbole de l’élément chimique du tungstène, je vais dessiner un bonhomme essayant de briser une plaque faite dans ce métal, mais comme le tungstène ne se laisse pas briser aussi facilement, un éclair en forme de W sortira de la main du bonhomme. Ce n’est qu’un exemple qui m’est venu à l’esprit à l’instant. L’action et l’émotion sont présentes et l’éclair est là pour me rappeler la réponse : le symbole du tungstène est W.
Bref, vous avez l’idée générale. À vous de vous l’approprier.
Une carte, une idée
Ne tombez pas dans le piège de mettre plusieurs réponses possibles à une carte. Votre cerveau peut facilement confondre le fait de reconnaître une information versus le fait de s’en rappeler. C’est ce qu’on appelle l’illusion de compétence. Dans le cas où vous reconnaissez, vous vous dites simplement que « OUI ! je m’en rappelle ! ». Mais c’est faux. Vous ne vous en rappelez pas, vous ne faites que reconnaître, autrement dit, vous êtes passif. Et ce n’est pas le but recherché. À l’inverse, se rappeler consiste vraiment en l’action de sortir l’information de votre mémoire sans que rien ne vous aide à le faire. Dans ce cas, vous apprenez ou révisez ACTIVEMENT : la base des flash cards.
Faites donc attention à ne pas duper votre cerveau et à ceci une seule solution : ne mettre qu’une seule idée, qu’une seule question et qu’une seule réponse par carte. Par exemple, si vous souhaitez apprendre le nom et à quoi correspondent les différentes sections du tableau périodique des éléments, faites une carte par section et non pas une seule carte sur laquelle vous réunirez le nom et les correspondances de toutes les sections.
Voilà ce qu’il faut savoir pour faire de meilleures flash cards. Rien de bien compliqué. Ajoutez des images pleines d’action, d’émotion et de moyens mnémotechniques et liez les à du texte. Et faites attention à n’exprimer qu’une seule idée par carte, sinon votre travail risquerait d’être contre-productif. Il est maintenant temps de se pencher sur les astuces à mettre en place pour tirer parti au maximum de vos cartes mémoires.
3 – Comment étudier efficacement avec vos flash cards ?
Parlez à haute voix
Voilà un autre bon moyen d’éviter l’illusion de compétence. Il suffit de dire les réponses à vos flash cards à haute voix avant de les retourner. Ainsi, vous vous obligez à réellement ressortir l’information de votre mémoire. Puis, au-delà de cet aspect, parler à haute voix permet de créer des connexions plus fortes dans votre cerveau pour mieux imprégner la réponse dans votre mémoire à long terme.
Apprenez dans les deux sens
Ne vous contentez pas d’apprendre seulement dans le sens question/réponse habituel. Si vous agissez ainsi, vous risquez d’être incapable de restituer l’information dans le sens inverse. Faites donc attention à accorder plus d’attention au sens réponse/question que ce que vous avez l’habitude de faire.
Les flash cards ne sont pas universelles
Cette méthode d’apprentissage est très puissante certes, mais elle ne fonctionne pas pour tout type d’information. Elles ne vous permettront jamais d’apprendre à jouer d’un instrument par exemple ou encore d’apprendre un texte de théâtre par cœur. D’autres méthodes seront bien plus efficaces dans ces cas-là. Gardez à l’esprit que les flash cards seront à leur avantage pour tout ce qui est très visuel.
Apprenez avant de réviser
Logique vous allez me dire. Exact, mais l’erreur est fréquente. Les flash cards sont optimales pour les révisons, mais sans un apprentissage préalable, elles perdent beaucoup de leur efficacité. Veillez donc à bien respecter l’ordre logique des choses.
La répétition espacée
Enfin on arrive aux choses intéressantes. Malheureusement, elles sont tellement intéressantes qu’il serait impossible d’en parler ici. Trop complexe et trop long. C’est pourquoi j’ai fait un article entier sur cette méthode à part entière : le système de répétition espacée. L’idée est d’espacer stratégiquement vos révisions dans le temps de manière à réviser une notion uniquement lorsque ceci est vraiment nécessaire : efficacité et principe de Pareto comme maîtres mots.
Conclusion
Voilà, vous avez toutes les clés en mains pour faire de bonnes flash cards bien efficaces et pour étudier de la meilleure manière qu’il soit. Les cartes mémoires constituent une méthode peu considérée et peu utilisée par les étudiants et à tort. Au premier abord elles paraissent … enfantines, ce n’est pas pour rien qu’elles sont souvent utilisées en maternelle ou en primaire. Et c’est aussi certainement ce qui repousse leur utilisation au lycée et à l’université. Quoi qu’il en soit, les flash cards restent terriblement efficaces dans certaines situations. Alors je ne peux que vous conseiller de tester cette méthode, de voir si elle fonctionne sur vous et de vous faire un avis personnel sur son efficacité. Ensuite vous choisirez de l’adopter ou non.
J’ai volontairement axé cet article sur les flash cards au format papier, car elles permettent d’être réellement vôtres et le temps que vous passez à les créer n’est pas du temps perdu. C’est autant de temps qui vous permet de mieux vous souvenir de l’information apprise. Toutefois, si cette méthode vous fait toujours peur, je vous conseille de vous tourner vers des applications web et mobile. Vous serez moins dépaysé. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la suite logique de cet article : la répétition espacée.