Une voix dans votre esprit vous murmure que vous devriez vous organiser de la sorte :

Mais vous avez la malheureuse et triste impression de vivre ceci :

Vous êtes atteint de procrastination.
Procrastination … un bien grand mot ! Vous êtes ici à la recherche de solutions non ? Et bien … vous êtes au bon endroit. Mais une fois cet article terminé, n’oubliez pas que vous avez du travail ! Ne vous éternisez pas ici !
Ciblons le cœur du problème. L’analyse est simple. La procrastination ne se fait sentir qu’à un seul moment du processus d’apprentissage : le début d’une tâche. Le moment où il faut se mettre au travail. Et c’est tout ! Imprégnez vous de cette analyse, et vous verrez qu’il n’y a pas maladie plus facile à guérir que la procrastination !
Il suffit de se mettre au travail. La suite n’est qu’une formalité. Dépassez cette première, tenace et unique résistance mentale qui vous dit qu’il y a des tonnes et des tonnes de choses plus amusantes à faire. Passez cette épreuve, et dans la plupart des cas, vous serez capable de bosser intensément des heures et des heures sur une tâche, et même prendre plaisir à le faire.
Bon, vous allez me dire que c’est bien beau, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick tout ça.
Il existe plusieurs techniques qui peuvent vous permettre de vous motiver et de surmonter la procrastination. L’engagement fait partie de ces très bonnes méthodes, j’en parle ici.
Mais dans cet article, je vais vous parler d’une technique encore plus puissante. Celle-ci se focalise sur le problème principal : la première action.
Voyons la technique Pomodoro. « Pomodoro » veut dire « tomate » en italien, d’où la tomate sur la photo 🙂
La philosophie de cette technique repose sur deux points principaux.
- Dépasser la barrière de la première action.
- Permettre de se concentrer intensément sur une seule tâche à la fois (appelée une tomate …)
Si vous croyez être multitâche et être capable de faire une multitude de choses en même temps, toutes aussi bien les unes que les autres, alors vous vous leurrez. Pour être réellement efficace dans la réalisation d’une tâche, il est nécessaire d’être profondément impliqué dans celle-là. Si vous vous impliquez dans plusieurs tâches à la fois, alors votre niveau d’implication dans chacune d’elles sera nettement inférieur à celui qu’il pourrait être si vous vous concentriez sur une seule de ces tâches. Au final, vous perdez du temps à essayer d’aller plus vite. Soyez 20/80.
Assez parlé, voyons comment mettre en place la technique Pomodoro en 2 étapes simples. Et bien entendu, allons encore plus loin en essayant de l’améliorer.
1ère étape – Choix de la tomate
Définissez une tâche à faire, et une seule. Celle-ci peut être faire un commentaire de texte, faire un exercice, revoir telle partie d’un cours, écrire un article, etc.
L’important est que la tâche soit bien précise. Pas une liste de tâche, une seule tâche.
Prenez un minuteur, puis réglez le sur 25 minutes. Il est important de bien prendre un minuteur, et non pas de se baser sur l’heure qu’il est, vous allez comprendre pourquoi.
Travaillez intensément sur votre tâche pendant ces 25 minutes. Vous devez être ultra-productif. Une locomotive. Ne pensez pas à l’heure. Le minuteur est là pour vous arrêter quand il le faudra.
Si une distraction venait à survenir, n’importe laquelle, notez la sur une feuille de papier. Qu’elle soit une tâche importante (comme travailler sur un autre sujet d’un autre cours que vous avez complètement oublié ou ajouter du PQ sur votre liste de courses), ou qu’elle vous menace de passer du côté obscur de la force, il est important de l’externaliser. Dans le premier cas, l’externalisation vous permet de vous en rappeler plus tard, et dans le deuxième cas, vous musclez votre volonté en surpassant vos envies inutiles et peu productives, mais faussement libératrices.
2ème étape – Prenez une pause
Lorsque le minuteur sonne, prenez une pause de 5 minutes (en réglant le minuteur sur 5 minutes sinon vous risqueriez de vous oublier).
Ne faites rien durant ces 5 minutes. Reposez-vous, détendez-vous. Éventuellement jouez d’un peu de guitare, pensez à quelque chose qui vous amuse, lisez. Évitez de vous jeter directement sur votre téléphone pour engager une conversation, ou pour vous rendre sur vos réseaux sociaux. D’une, faire ceci est un facteur de stress et de deux, vous serez plus enclin à prolonger votre pause indéfiniment, ce qui n’est bien sûr, pas votre objectif.
Au bout des ces 5 minutes, recommencez une session de 25 minutes de travail intensif. Puis répétez le processus autant de fois que vous le désirez et autant de fois que nécessaire. Au bout de quatre sessions de 25 minutes, prenez une pause plus conséquente d’une demi-heure dans laquelle vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez.
Le principe de ces pauses tire son origine dans une partie inconsciente de notre cerveau. Celui-ci ne peut pas emmagasiner continuellement de nouvelles informations. Il a besoin de pauses pour les assimiler et créer des connexions qui ne pourraient pas être créées autrement. Faire 25 minutes de travail intensif suivi d’une pause de 5 minutes permet donc de tirer un maximum d’efficacité sur la réalisation de la tâche initialement définie. Les pauses peuvent être plus ou moins longues, à partir du moment où elles sont intelligemment proportionnelles à la période de travail. Les plus grands scientifiques témoignent de ce phénomène. Cédric Villani tient sa médaille Fields d’une bonne nuit de sommeil suivant une période de travail ultra intensive qui n’aboutissait à rien de concluant. L’idée de la solution à son problème lui est parvenu durant la nuit.
On ne peut pas faire plus simple que cette méthode de travail. Travaillez 25 minutes, prenez 5 minutes de pause, et recommencez. Et c’est tout. Ne me dites pas que vous ne pouvez pas la mettre en place dès maintenant. Faites au moins preuve de bon scepticisme.
Pourquoi c’est génial ?
L’externalisation du temps
Grâce au minuteur, vous déléguez la gestion de votre temps à un appareil qui ne dépend pas de vous. Vous n’avez plus à vous demander combien de temps vous êtes supposé travailler. Et ceci fait toute la différence.
En tant qu’humain, nous avons tous tendance à agir en conséquence de nos décisions. C’est un fait. Prenez par exemple un homme qui met une grosse mise sur un cheval et son écuyer lors d’une course équestre. Vous pouvez être certain qu’il sera bien plus convaincu de la victoire du duo après qu’il ait fait sa mise, plutôt qu’avant. Ce phénomène vous est certainement déjà arrivé.
Et bien utilisez le avec le minuteur. Définissez un certain temps de travail, déléguez la gestion de ce temps, et vous pouvez être certain que vous le respecterez … inconsciemment.
Puis, le simple fait de devoir se concentrer et penser au temps qui passe (et à combien de temps il nous reste avant la pause), épuise considérablement nos réserves de volonté. Vous serez plus distrait et moins efficace.
Recadrer les tâches
La principale cause de procrastination est la résistance mentale qui nous empêche de faire la première action. Et c’est toute la puissance de la technique Pomodoro que de vous permettre de surmonter cette résistance.
Inconsciemment, votre cerveau sait que vous n’allez travailler que 25 minutes avant la pause. Il sait que votre engagement ne tient qu’à ces 25 premières minutes, et pas au-delà. Si vous ne voulez pas continuer, vous pouvez. Il n’y a plus d’engagement. Votre cerveau est donc beaucoup plus enclin à franchir le premier acte, et à se mettre au travail.
Et ça y est, le problème de procrastination est réglé.
Ne vous fixez pas des tâches comme : « Faire cette feuille d’exercices » ; « Réviser tel cours » ; « Rédiger ce commentaire de texte ». Non. Forcément que vous allez procrastiner. Qui voudrait réaliser ces tâches ?
Dites-vous : « Je bosse à fond pendant 25 minutes sur l’exercice 1 de cette feuille d’exercice, sur le premier chapitre de ce cours, etc. Puis je prends 5 minutes de pause. »
L’externalisation des distractions
La feuille où vous noterez vos distractions n’est pas seulement importante pour le simple fait de retirer de votre esprit vos envies subites qui viennent vous déranger dans votre tâche, pour les remettre à plus tard. Cette externalisation va beaucoup plus loin. Elle met en relation l’envie de la distraction avec l’action que vous prenez pour surmonter cette envie. Inconsciemment (oui encore !), votre cerveau associe une envie à une remise à plus tard. Plus vous faites de sessions Pomodoro, plus vous musclez votre volonté, et plus vous êtes enclin à résister aux distractions. Au fil du temps, vous devenez naturellement plus productif, sans même avoir à lutter contre les distractions.
Et pour aller plus loin
Vous vous doutez bien que je ne peux pas m’arrêter là. Toute technique préexistante peut être améliorée et adapter à chaque personne qui l’utilise. Voyons donc rapidement six astuces qui vous permettront d’aller plus loin.
- Utilisez l’application Tide sur Android et Iphone. La meilleure application utilisant la technique Pomodoro que je n’ai jamais trouvée ! Elle concentre minuteur et musique d’ambiance dans une intarce magnifiquement réalisée. Détail important, si vous quittez l’application, celle-ci met fin à la session, ce qui vous oblige à ne pas utiliser votre téléphone durant les 25 minutes.
- Combinez une session Pomodoro avec d’autres méthodes d’apprentissage pour toujours plus d’efficacité.
- Utilisez le logiciel Cold Turkey Writter. Ce logiciel est un puissant bloqueur de distractions. Lorsque vous lancez une session Pomodoro, vous ne pouvez rien faire d’autre sur votre ordinateur que d’écrire dans la page de traitement de texte que vous propose le logiciel.
- Expérimentez plusieurs temps de travail et de pause différents. Tout le monde est différent. Peut-être préférez-vous faire 30/7 minutes, 35/8, ou 50/10. Quoi qu’il en soit je vous conseille de ne pas dépasser une heure de travail consécutif.
- Si vous utilisez la technique Pomodoro seulement pour surmonter la procrastination et que vous n’avez pas de mal à rester concentré et à être efficace pendant votre période de travail, vous pouvez décider de partir dans l’objectif des 25 minutes, mais ne vous sentez pas obligé de vous arrêter au bout des 25 minutes.
- Enfin, veillez à ce que votre espace de travail soit libre de toute distraction potentielle lorsque vous commencez une session. Veillez aussi à réunir tout ce dont vous avez besoin pour travailler, sans quoi vous serez distrait à devoir réunir tout ce matériel durant la session.
Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire ! Prenez cette technique comme un jeu et cultivez votre tomate.
Au travail.