Chronique #1 – Elon Musk : Tesla, PayPal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde, par Ashlee Vance

On a attendu longtemps avant de la voir décoller… cette fusée. Etant intéressé de près par tout ce qui a trait à l’aérospatial, le lancement de la Falcon Heavy, qui a eu lieu en février dernier, était un évènement que j’attendais de longue date ! Depuis 2013, pour tout vous dire. Mais enfin il a eu lieu. Et quel lancé spectaculaire !

Si je commence ce billet par ces quelques mots, ce n’est pas tant pour vous transmettre mon enthousiasme à propos de ce nouvel exploit de SpaceX, mais pour vous parler de l’homme à qui l’on doit tout ça : Elon Musk, bien évidemment, dont j’ai terminé la biographie il y a peu. Une bonne occasion de commencer une série de chroniques sur mes lectures (plus d’infos ici). Si je peux vous donner l’envie de partager certaines d’entre elles, j’en serais le premier heureux. Beaucoup d’idées et de vocations peuvent naître de bonnes lecture, la biographie d’Elon Musk ne fait pas exception.

Ce personnage à qui l’on doit Paypal, Tesla, SolarCity, Hyperloop, SpaceX et quelques autres entreprises encore, vous n’en serez pas étonné, me fascine au plus haut point. S’il n’est pas à l’origine même de toutes ces entreprises, il n’en est pas moins un acteur incontournable. Ashlee Vance nous l’illustre merveilleusement bien tout au long de sa biographie. Il y a beaucoup à dire sur Elon Musk et trouver par où commencer n’est pas chose facile.

#Un peu d’histoire

Je pense qu’un petit rappel historique des événements s’impose. Ashlee Vance nous propose, le temps de quelques pages, de découvrir la vie des grands-parents et arrières grands-parents maternels de Musk. Ce passage a retenu mon attention plus que tout autre, mon âme d’aventurier ne doit pas être innocente, et c’est pourquoi j’aimerais vous en parler plus en profondeur. Toute personne à ses racines. Si vous ne les comprenez pas, vous ne comprenez pas la personne.

Il y a peu je lisais Le Hobbit de J.R.R. Tolkien. Vous savez, ces petits personnages si paisibles qu’aucune aventure ne pourrait venir les déloger de leur Comté, ce bout de terre où rien d’extraordinaire ne se passe jamais. Seulement voilà, tous les descendants aux racines Took, une famille Hobbit bien réputée, semblent prédisposés à briser les règles. Et de temps en temps, l’un d’entre eux disparait pour partir à l’aventure dans le vaste monde.

C’est amusant de voir à quel point Musk semble tirer ses racines dans celles des Took. Remontons à son grand-père, et nous aurions l’impression d’avoir affaire à Bilbo et Frodo Baggins. A quelques différences près.

Ce fameux grand-père se nomme Joshua Norman Haldeman. Originaire des Etats-Unis, il commence sa vie par une activité prolifique de fermier dans la province Canadienne du Saskatchewan. Mais quelques temps après avoir accusé de lourdes pertes des suites de la grande Dépression, il décide de tout quitter et de partir vivre en Afrique du Sud avec sa famille. Sa vie était très mouvementée avant ce départ. C’est là une première différence avec nos Hobbits. Son activité de fermier l’occupait la plupart de son temps, ainsi que quelques engagements politiques, et d’autres auprès de la communauté de chiropracteurs. Mais ce radical changement marquera le début d’aventures encore plus folles.

Quelques temps avant de partir, Joshua et sa femme Wyn deviennent propriétaires d’un petit avion à l’aide duquel ils font quelques excursions en Amérique du Nord, puis survolent l’Afrique du Sud en quête de l’endroit parfait où s’installer. Pretoria fini par les convaincre. L’aventure, la vraie, pouvait commencer.

Dès 1952, il entreprend avec sa femme un voyage de plus de 35 000 kilomètres avec comme seul moyen de transport leur avion, un petit monomoteur Bellanca rouge rubis ; l’idée étant de relier l’Afrique du Sud à la Norvège. De nos jours cela pourrait sembler bien commode. Mais à l’époque, considéré leur embarcation et leur système de navigation, ce voyage relevait certainement plus de l’exploit. Exploit qu’ils réitèrent deux ans plus tard, cette fois ci en cherchant à rejoindre l’Australie, tout en passant par la péninsule Arabique, l’Iran, l’Inde, la Malaisie, puis la mer de Timor, totalisant près de 50 000 kilomètres.

« Dans quelques temps ça sera mon tour. » ; telle était ma réaction à la lecture de ces lignes.

Ce train de vie peu ordinaire ne s’est pas tari des suites de ces deux voyages. Avec leurs enfants, ils firent plus d’une dizaine d’excursions en Afrique du Sud, à la recherche de la Cité perdue du Kalahari. Cité que certains explorateurs se sont entêtés à chercher depuis 1885, après que le canadien Guillermo Farini ait affirmé avoir trouvé les vestiges d’une ancienne civilisation dans ce désert. Ces excursions furent source d’innombrables expériences enrichissantes et sensationnelles. De celles qui forgent un caractère, surtout celui des enfants. Des pannes en plein désert, des campements en territoire occupé par les hyènes, les léopards, les lions. Mais peut-être même avant tout, d’une vie de famille riche en aventures partagées, de liens forts et profonds, et d’une éducation on ne peut plus respectable de leurs enfants, et de leurs aspirations face à un environnement en perpétuelle évolution et aux défis toujours nouveaux qui leurs font face. La photo ci-dessous en dit long sur cette éducation !

Bien qu’ils n’aient jamais mis la main sur leur convoitise, toutes ces excursions ont petit à petit assuré aux Haldeman une certaine renommée, au moins en Afrique du Sud. Mais le plus intéressant est certainement l’héritage qu’ils ont laissé à leurs enfants, et par la suite, à leurs petits enfants, dont Elon Musk fait partie. Je ne parle pas d’argent, mais d’état d’esprit. Cet état d’esprit d’aventure, de décisions et d’engagement. Cet état d’esprit qui pousse à contrer ses peurs, qui apprend à gérer le doute, à aller vers l’inconnu et à accepter les risques inhérents à toute entreprise.

Toutes ces qualités sont celles d’un grand entrepreneur. Et de grands entrepreneurs, il n’en a pas manqué dans la descendance des Haldeman.

#L’adversité

Joshua Haldeman reste un modèle et une grande inspiration pour Musk. A l’image de son grand-père, lui non plus n’a pas grandi dans la simplicité. L’adversité était différente, non volontaire, mais bien présente. Dès son plus jeune âge il est victime de harcèlements violents par ses camarades de classe. Sa nature plutôt excentrique devait y jouer un rôle prépondérant. Il a du mal à se faire des amis. Il vit jeune la séparation de ses parents, Maye et Errol Musk. Il choisit de vivre avec son père, un prospère ingénieur, mais la vie chez lui n’est semble-t-il pas de tout repos. Les raisons sont assez floues, mais Musk décrit cette période comme sombre et difficile, malgré les apparences.

De sa naissance en 1971 à son départ pour le Canada pour ses 17 ans, l’enfance d’Elon Musk est marquée par l’apartheid, période obscure par excellence. Il est peu utile de développer. Comme son frère Kimbal le dit si bien : « L’Afrique du Sud n’était pas un endroit pour les bisounours, et cela vous marquait. Nous avons assisté à quelques scènes vraiment dures. Cela a fait partie d’une éducation atypique – ce genre d’expériences délirantes qui modifient votre vision du risque. Vous ne grandissez pas en vous disant que le plus difficile est de trouver un travail. Ce n’est pas assez intéressant. »

#Confiance en soi

Petit à petit un portrait assez intéressant de Musk se dessine. Parmi les personnalités influentes de notre monde, et les grands entrepreneurs en particulier, des caractéristiques semblent converger. Prenez Steve Jobs, feu le CEO d’Apple. Un grand personnage, toutefois plongé dans l’adversité dès la naissance, car abandonné par ses parents Syriens, et adopté par une famille américaine. Les ressemblances entre la vie de Jobs et celle de Musk sont, sur quelques aspects, on ne peut plus notables. La plus flagrante à mes yeux sont leurs jeunes réalisations. Ashlee Vance nous apprend que Musk a su coder à seulement 12 ans un jeu vidéo de A à Z, du nom de Blastar. Ce qui lui valut une première place dans un concours, et la récompense de 500$. Et de plus à une époque où l’informatique était balbutiante et encore bien peu connue du grand public. Cette réalisation à ce si jeune âge, et malgré l’adversité est un vecteur surpuissant de la confiance en soi nécessaire à qui veut réaliser de grandes choses. De leur côté, Steve Jobs et Steve Wozniak réussirent la conception et la vente de leurs Blue Boxes. Pour faire simple, ces petits boitiers permettaient à leurs utilisateurs de disposer du réseau téléphonique gratuitement, en exploitant une faille technique de ce dernier. Quoiqu’il en soit, cette première réussite donnera à Steve Jobs la confiance en lui nécessaire pour aller plus loin. « Sans les Blue Box, il n’y aurait pas eu Apple, j’en suis sûr à 100%, Woz et moi avons appris à travailler ensemble et nous avons acquis la confiance que nous pouvions résoudre des problèmes techniques et même mettre quelque chose en production. »(1) partage-t-il.

Tout au long de la première moitié de la biographie, on sent bien cette confiance qu’Elon Musk a su faire germer, puis entretenir. Trop peu de gens aujourd’hui osent se lancer dans des projets personnels. Ou ne serait-ce que de simples défis. Comme cette fois où Musk et son frère, une fois au Canada, ont appelé plusieurs grandes personnalités influentes pour leur proposer d’échanger autour d’un repas. Tout le monde est capable de le faire. Ça ne demande qu’une décision, et un peu de courage. Et c’est ainsi que Musk trouva un stage d’été dans une banque, dont il sut plus tard tirer tous les enseignements pour fonder Paypal.

Les exemples attestant du développement de cette confiance sont nombreux. On peut citer les nombreuses soirées étudiantes qu’il organisa dans une grande maison qu’il loua avec son colocataire ; ou même plus tard tout au long de ses processus de création d’entreprise. On sent bien que le Musk de SpaceX n’est pas le même que celui de Zip2, sa première startup, dont la vente lui rapporta personnellement quelques 22 millions de dollars. A tout juste 28 ans. Une bonne base pour envisager la suite ! Qui sait, sans Blastar, peut-être cette suite n’aurait-elle pas eu lieu.

#Musk, autodidacte avant tout

Un dernier point commun à toute personnalité influente est l’auto-apprentissage. Que l’on parle de scientifiques, de politiques, de littéraires, d’écrivains, ou d’entrepreneurs, tous ont cette caractéristique fondamentale : ils savent apprendre par eux-mêmes ce dont ils ont besoin, et ils savent le faire efficacement. Steve Jobs abandonna son cursus au Reed College à Portland, le jugeant trop ennuyeux, pour suivre les cours qui lui plaisaient. De calligraphie notamment. Il déclare en 2005 que « Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. »

Depuis son plus jeune âge, Musk est absorbé par les livres. Il est abondamment curieux et avide de connaissances dans de nombreux domaines, notamment l’espace. Il tire de ses premières lectures d’énormes enseignements et connaissances pour la suite. Mais avant tout il gagne la certitude qu’il n’a pas besoin d’institution pour s’instruire. Et qu’il n’a aucun problème à le faire par lui-même. Au lycée en Afrique du Sud, il se contente de résultats moyens dans les matières pour lesquelles il ne porte pas d’intérêt. Il ne se fait pas remarquer pour de grandes réussites académiques. « Il doit y avoir une raison pour une note, dit-il. Je préfère jouer aux jeux vidéo, coder et lire des livres plutôt que d’obtenir une bonne note s’il n’y a pas de raison d’obtenir une bonne note. » Voilà qui résume sa manière de voir les choses. Lorsqu’il reçoit son premier ordinateur, un Commodore VIC-20, il passe trois jours intenses à se former sur son fonctionnement, à l’aide du manuel sur le langage de programmation BASIC fourni avec, contre les supposés six mois de formation.

Toutefois il profite de ce temps en Afrique du Sud pour faire germer en lui d’innombrables idées, sur l’exploration spatiale, sur les voitures électriques, ce genre de choses qui visent à rendre l’humanité meilleure. Tel est le but qu’il commence à poursuivre en puisant dans les livres toutes bribes d’informations qui le rapprochent de cet objectif.

Ce sont ces mêmes livres qui lui ont permis d’apprendre, quelques années plus tard, les techniques inhérentes au lancement de fusée, et à la mise en orbite de satellite. Connaissances dont il avait besoin pour fonder SpaceX. Aujourd’hui encore, malgré un emploi du temps surchargé, il passe autant de temps que possible à apprendre et à s’enrichir intellectuellement, peu importe la source du savoir, à partir du moment où cela est utile et efficace.

Etudier la vie des quelques personnes à l’origine des plus grandes innovations de notre monde, c’est se rendre compte que sans l’auto-apprentissage, ces innovations seraient probablement restées au stade de simples concepts. Les idées naissent dans l’esprit des hommes. Et les innovations naissent des hommes préparés à recevoir ces idées, et à les transformer en leur réalité. Bien sûr l’auto-apprentissage n’est pas le seul facteur de cette préparation. Nous en avons vu ici quelques autres. L’héritage, l’adversité, la confiance. Ce sont ceux qui me semblent les plus importants à retranscrire après avoir terminé cette biographie.

Celle-ci fut pour moi la première lecture de ce genre, et je peux vous assurer qu’elle m’a donné envie d’en lire plus sur ces grandes personnalités qui ont cet immense pouvoir de nous inspirer, d’éveiller nos sens et notre esprit, jusqu’à penser que finalement, rien n’est impossible.

Je vous laisse sur cette image de la Falcon Heavy au décollage, que je trouve autant époustouflante qu’inspirante. Cette prouesse d’ingénierie n’est pas l’œuvre d’un homme seul. Je n’oublie pas toutes ces personnes qui travaillent jour et nuit à rendre possible l’impossible, et pour qui j’éprouve un immense respect. Mais si ça n’avait pas été de l’initiative d’un seul homme, que ce soit Elon Musk ou quelqu’un d’autre, je doute fort que cette prouesse ait pu voir le jour.

Et pour ça je dis merci.

Photo Credit: Ryan Chylinski / SpaceFlight Insider

(1) Steve Jobs tells the Blue Box Story (1994) : https://www.youtube.com/watch?v=dxCNvNwl60s


Et si cette lecture vous intéresse :

Lien vers la version française de Elon Musk: Tesla, Paypal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde sur Amazon.

Lien vers la version anglaise de Elon Musk: Tesla, SpaceX, and the Quest for a Fantastic Future sur Amazon.

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