Je ne sais pas vous, mais s’il y a bien quelque chose qui me fascine profondément, c’est de voir à quel point la pensée d’hommes ayant vécu il y a plus de 2000 ans est toujours d’actualité aujourd’hui et, est encore capable de nous livrer des leçons de vie dignes des plus grands hommes de notre époque. Je dirai même plus, que bon nombre de leurs leçons sont bien supérieures à celles de nos contemporains.
Dans ce court article, je souhaite donc partager la pensée d’un homme à la sagesse sans pareille, celle de l’empereur Romain Marc Aurèle (Marcus Aurelius pour les intimes), à travers un extrait de ses écrits : Pensées pour moi-même (Méditations en anglais). Marc Aurèle a régné sur l’Empire Romain à son apogée, de 161 à 180, avec toutes les responsabilités, campagnes militaires, réflexions philosophiques,…. qu’on peut imaginer. En parlant de réflexions philosophiques, Marc Aurèle est aussi considéré comme un des plus grands philosophes de la pensée stoïcienne (si vous ne savez pas en quoi elle consiste, pas de panique, vous comprendrez la suite sans soucis !). Ses Pensées pour lui-même, comme son nom l’indique, n’étaient pas, à la base, destinées à être publiées, ce qui en fait un écrit assez simple à lire, froid, direct et au plus proche du personnage, des reproches qu’il se fait à lui-même, des idées et exercices qu’il se donne à faire pour ne pas céder aux tentations et facilités que la vie nous donne à avoir. Écrites en grande partie pendant ses campagnes militaires, elles étaient donc un moyen de persévérer dans la voie qu’il s’était donné à vivre : la philosophie, comme seule mesure de la valeur d’un homme. Et la réussite de ses campagnes, aussi j’imagine !
Voilà donc pour cette parenthèse publicité. Non je plaisante. Je ne peux que vous conseiller de lire les Pensées pour moi-même, que vous aimiez lire ou non, que vous aimiez la philosophie ou non, s’imprégner de la pensée de personnes comme Marc Aurèle ne peut pas faire de mal dans la vie ! Bien au contraire.
En tout, elles sont divisées en 12 livres (mais rassurez-vous, le tout tourne autour de 200 pages suivant les éditions, rien de surhumain). Ce qui nous intéresse est un simple passage du début du tome 5, qui nous en dit long sur l’autodiscipline :
« Au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de t’éveiller, aie cette pensée à ta disposition : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur, si je vais faire ce pourquoi je suis né, et ce en vue de quoi j’ai été mis dans le monde ? Ou bien, ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ?
— Mais c’est plus agréable !
— Es-tu donc né pour te donner de l’agrément ? Et, somme toute, es-tu fait pour la passivité ou pour l’activité ? Ne vois-tu pas que les arbustes, les moineaux, les fourmis, les araignées, les abeilles remplissent leur tâche respective et contribuent pour leur part à l’ordre du monde ? Et toi, après cela, tu ne veux pas faire ce qui convient à l’homme ? Tu ne cours point à la tâche qui est conforme à la nature ?
— Mais il faut aussi se reposer.
— Il le faut, j’en conviens. La nature cependant a mis des bornes à ce besoin, comme elle en a mis au manger et au boire. Mais toi pourtant, ne dépasses-tu pas ces bornes, et ne vas-tu pas au delà du nécessaire ? Dans tes actions, il n’en est plus ainsi, mais tu restes en deçà du possible. C’est qu’en effet, tu ne t’aimes point toi-même, puisque tu aimerais alors, et ta nature et sa volonté. Les autres, qui aiment leur métier, s’épuisent aux travaux qu’il exige, oubliant bains et repas. Toi, estimes-tu moins ta nature que le ciseleur la ciselure, le danseur la danse, l’avare l’argent, et le vaniteux la gloriole ? Ceux-ci, lorsqu’ils sont en goût pour ce qui les intéresse, ne veulent ni manger ni dormir avant d’avoir avancé l’ouvrage auquel ils s’adonnent. Pour toi, les actions utiles au bien commun, te paraissent-elles d’un moindre prix, et dignes d’un moindre zèle ? «
Inspirant n’est-ce pas ? Alors comme beaucoup de textes philosophiques, tout le monde peut trouver quelque chose à dire et à redire. Mais en tout cas, voilà ce que j’en pense personnellement. Marc Aurèle nous dit ici que nous devons respecter le chemin que nous avons choisi pour notre vie et le considérer comme notre nature même, comme notre instinct. Tout comme les arbustes, les moineaux, les fourmis, les araignées ou les abeilles se lèvent tous les jours sous la conduite de leur instinct, nous devrions être conduits par les actions déterminées par nos buts et objectifs.
Si demain matin, vous devez vous lever pour faire votre devoir mais que vous n’en avez pas envie, que votre lit vous semble plus confortable que tout ce qui vous attend en dehors, alors il faut que vous vous concentriez sur votre nature, sur le chemin que vous avez choisi d’emprunter et laissez cette sensation submerger vos désirs médiocres de l’instant. Ceci rejoint ce que j’ai l’habitude de dire sur ce blog, à savoir qu’il est important de trouver ce qui nous passionne dans la vie, ce qui fait sens pour nous et de choisir ceci comme le chemin à suivre, d’avoir un but et des plans bien précis. Sans quoi vous échouerez, parce que l’exercice est trop difficile. Vous abandonnerez, vous resterez tous les matins dans vos draps bien confortables, livrant votre vie à vos désirs immédiats.
Il existe plein de méthodes pour améliorer son autodiscipline. Ce blog est là pour vous les faire découvrir. Mais comme toute chose, lorsque vous voulez vous améliorer dans quelque chose, attaquez-vous en premier lieu au cœur du problème. C’est la seule et unique solution pour être efficace. Mieux vaut changer un pneu lorsque vous crevez plutôt que d’y mettre une rustine à chaque fois. Sinon soyez certain qu’il vous lâchera pour de bon après une dizaine de crevaisons. Si vous ne savez pas qu’il est possible d’en mettre un tout neuf alors vous roulerez toute votre vie avec un pneu crevé. #TentativeDeMétaphore
Bref, les méthodes et exercices sont secondaires. Si vous voulez vous construire une autodiscipline de fer, respectez votre travail comme votre véritable nature et adaptez vos décisions et vos actions en conséquence.
Voilà pour ce court article. J’espère qu’il vous aiguillera vers de bonnes réflexions à tenir sur soi-même, à réfléchir sur vos objectifs, sur vos plans, sur votre motivation, votre volonté, etc. Une poignée de bonnes questions vaut bien mieux qu’un millier de bonnes réponses.