Il m’arrive assez régulièrement de travailler à la BU. C’est un endroit où j’arrive vraiment à me couper de toutes distractions extérieures pour produire un travail plus efficace. J’y suis d’ailleurs en ce moment pour rédiger cet article. Ce qui qui me frappe le plus, c’est le nombre de personnes avec un casque ou des écouteurs sur les oreilles. Pas besoin de chercher bien loin, les deux personnes à côté de moi en ont et je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’ils sont en train d’écouter.
De la musique certainement. Voilà ce qui a inspiré mon article d’aujourd’hui. Si la plupart des étudiants ont l’air d’aimer le travail en musique, c’est certainement qu’il y a une raison à cela. Moi-même ne m’arrive-t-il pas de le faire assez régulièrement ? Il est vrai que je ne me suis jamais vraiment posé ces questions. La musique aide-t-elle vraiment à mieux travailler ? Permet-elle d’être plus concentré dans son travail ou au contraire est-elle source de distractions ? Vous vous êtes certainement déjà questionné là-dessus à plusieurs reprises. Bien que je puisse avoir quelques pistes de réflexions personnelles, il est temps d’aller plus loin et de mettre les choses au clair. Je me suis donc beaucoup renseigné sur les études menées sur le sujet, sur les recherches effectuées et sur toutes informations qui pourraient m’aider à répondre à ces questions.
Ceci me permet de vous faire un article un peu plus léger que tout ce que je vous ai proposé jusqu’à présent. Il ne s’agit pas de technique particulière d’apprentissage. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vraiment se pencher sur la question du travail en musique pour arriver à produire un travail vraiment efficace. Certes, ceci peut aider, mais le fond du problème n’est pas là, il y a bien d’autres choses plus importantes à prendre en considération. Quoi qu’il en soit, je fais appel à votre bon sens. Il me paraît assez logique qu’écouter du heavy métal en apprenant un texte de droit ne soit pas la meilleure des solutions !
Bon et bien c’est parti. Écouteurs en place (parce que les chaises à côté de moi n’arrêtent pas de grincer et c’est insupportable !) et voyons ce que j’ai tiré de toutes ces études. Une réponse, un constat : c’est qu’il n’y a pas de réponse, ni de constat... Les réponses vont dans les deux grandes directions. Beaucoup d’études ont été menées, toutes avec des paramètres à chaque fois un peu différents et aucune n’arrivent vraiment à se mettre d’accord sur les conclusions à en tirer. Pour certains la musique est une bonne chose, pour d’autres, ça ne l’est pas.
Alors, devant toute cette confusion je vous propose d’abord de voir ce qui fonctionne sur moi et les conclusions que j’en tire personnellement. Ce qui nous permettra ensuite de les étendre aux études plus professionnelles sur le travail en musique pour l’apprentissage.
Mon expérience personnelle sur le travail en musique
J’ai deux approches différentes concernant le travail en musique : travail passif ou travail actif. Le premier cas correspond à du travail qui ne demande pas une activité cérébrale intense (je connais la finalité de la tâche et comment la réaliser, le reste n’est qu’action mécanique passive). Dans ce cas-là, il m’arrive d’écouter de la musique dite à haute intensité. Autrement dit, de la musique assez dynamique, éventuellement avec des paroles. Ce genre de musique est un bon facteur de motivation lorsque celle-ci vient à manquer. Elle redonne du peps et de l’énergie assez facilement et tant que vous êtes suffisamment impliqué dans votre tâche principale, elle ne vient pas prendre le dessus sur votre concentration. D’un point de vue personnel, j’aime bien écouter du rock (dans le style Arctic Monkeys pour ceux qui connaissent). Mais ce que vous écouterez dépend bien entendu de vos goûts musicaux et je ne suis personne pour les juger.
Le deuxième cas de figure correspond au travail qui requiert une activité cérébrale plus importante. Lorsqu’il s’agit par exemple de résoudre des problèmes mathématiques, de coder, d’écrire sur des thèmes assez complexes ou alors de faire des tâches complètement inhabituelles, nouvelles, qui ne nous ont jamais été données à faire. Dans ce cas-là, il m’arrive d’écouter de la musique à faible intensité, autrement dit de la musique calme, douce, peu rythmée et sans paroles. La musique classique est un bon exemple. Je vous conseille aussi d’écouter des sons/bruits ambiants, comme l’ambiance d’un café par exemple, le bruit des vagues sur une plage, le chant des oiseaux et le bruit du vent d’une forêt. En ce moment, je suis sur un bateau pirate à écouter le grincement du bois et le bruit du fracas des vagues sur le bateau. C’est très relaxant et mille fois plus agréable que le grincement des chaises d’une bibliothèque universitaire. Vous trouverez ce genre de sons de partout sur Youtube, pas besoin d’applications tierces, à moins peut-être d’utiliser Forest et Tide pour vous permettre de mettre à profit le double avantage de ce genre de musique et la technique Pomodoro.
Quoi qu’il en soit, même s’il m’arrive de travailler en musique, je préfère la plupart du temps me concentrer pleinement à une tâche et être à fond dans celle-ci. Dans ce cas-là, le silence est nécessaire. N’oubliez pas : le multitâche est rarement une bonne chose.
Qu’en disent les études ?
Et bien comme je vous le disais il y a quelques instants, elles ont du mal à se mettre d’accord. Voyons-en une première : The Impact Of Listening To Music On Cognitive Performance. Cette étude a été menée sur 32 élèves de l’université du Maryland aux États-Unis. Ceux-ci ont été testé sur différents tests mathématiques, avec différents types de musiques ; des musiques à haute intensité, à faible intensité et un autre groupe sans aucune musique. Au final, l’expérience a permis de montrer que les élèves ayant travaillé en silence ont de bien meilleurs résultats que les autres. Se classent en deuxième position, ceux ayant travaillé avec la musique à faible intensité.
Si on fait l’approximation qu’une musique à forte intensité est lyrique et une musique à faible intensité est instrumentale, alors ces résultats viennent contredire l’affirmation de Clifford Nass, chercheur et professeur connu pour ses recherches dans le domaine du multitâche.
« Music with lyrics is very likely to have a problematic effect when you’re writing or reading, but probably less of an effect on math if you’re not using the language processing parts of your brain. »
Cette affirmation s’appuie sur le fait que nous utilisons deux parties différentes de notre cerveau pour distinguer le sens des mots et leurs sonorités. Ceci prouverait scientifiquement que lire en écoutant de la musique rendrait la compréhension plus difficile autant pour le texte à lire que pour la musique écoutée.
Mais ce serait trop simple si nous nous en arrêtions là. Parce que si on prend en compte une dernière étude (Music during lectures: Will students learn better ?) il est assez facile de soulever de nouvelles contradictions. Celle-ci affirme, après expérimentation, que l’apprentissage issu de la lecture d’un texte est plus concluant avec de la musique plutôt que sans. De quoi remettre en question l’affirmation de Clifford Nass.
Que faut-il en conclure ?
Trois études et pas une seule qui arrive aux mêmes résultats. Et croyez-moi qu’il y en a bien d’autres dans ce genre de recherches. En soi, aucune n’est vraiment fausse. Elles se basent toutes sur des critères et des paramètres différents donc il est normal que les résultats diffèrent également. Toutefois, ceci ne nous aide pas à y voir plus clair. C’est pourquoi j’ai préféré vous parler en premier lieu de mon expérience personnelle.
En règle générale, je m’accorde à dire qu‘il est plus efficace d’étudier sans aucune musique. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart du temps nous utilisons la musique comme un moyen de nous couper de distractions extérieures (comme des grincements de chaises que j’entends toujours même à travers les écouteurs !) et comme un moyen de faire baisser son niveau de stress et d’anxiété lié au travail que nous n’avons pas réellement envie d’accomplir. Mais il faut savoir qu’il existe bien d’autres méthodes bien plus efficaces que la musique pour régler ces problèmes. J’en parle longuement sur ce blog. Et contrairement à la musique, en mettant en pratique ces méthodes, vous ne prenez pas le risque de diminuer l’efficacité de votre travail.
Ainsi, je pense qu’il faut voir la musique comme une aide éventuelle à utiliser si votre taux d’anxiété et de distractions extérieures est tellement important qu’il vous empêche d’être efficace sur le moment. Il serait presque nécessaire de considérer un retour sur investissement : allez-vous tirer plus de bénéfices immédiats avec la musique plutôt que sans ?
Voilà pour moi. Reste à savoir si la musique est capable d’améliorer les performances sans les intermédiaires que sont la concentration et de l’anxiété. J’espère pouvoir vous en dire plus dans quelque temps. En attendant des études plus approfondies sur le sujet, je ne peux que vous proposer l’analyse personnelle que je viens de vous livrer.
Après tout, comme je dis bien souvent, faites partie des bons sceptiques. Si vous souhaitez savoir quel est l’effet de la musique sur vos performances, la meilleure manière de faire est de mettre en place un test qui vous permettra de tirer des conséquences propres à vous-même. Personne ne pourra le faire à votre place.