logo oignon

Oignon Fugace

Après sept jours

Qu’avez-vous accompli cette semaine ? Quels ont été vos succès ? Vos belles rencontres ? Quels échanges menant à de nouvelles opportunités avez-vous eu ? Qu’avez-vous appris ? Avez-vous su tirer les conséquences des erreurs passées ?

Une des techniques les plus efficaces pour rester dans le droit chemin de vos objectifs est … appelons-la l’examen hebdomadaire. Chaque fin de semaine, accordez-vous un moment, une heure, deux s’il le faut, pour vous poser les questions ci-dessus. Faites un point critique sur votre semaine. Examinez le bon et le mauvais. Tirez les conséquences de vos erreurs et de vos manquements de sorte à ne pas les répéter à l’avenir et puisez l’assurance de vos forces dans chacun de vos petits succès.

L’idée est d’une part de prendre conscience de vos accomplissements et de leur accorder le crédit qu’ils méritent, sans quoi ils passent inaperçu, et vous continuez alors en trainant cette fausse et angoissante perception de n’avoir pas fait assez. Ainsi que d’autre part, faire émerger au grand jour de votre estime personnelle votre inconsistance, votre incapacité à vous plier à vos propres règles et partant, votre bassesse. Un coup à l’ego qui, si vous en faites une habitude, ne se laissera pas faire et finira par anticiper ce moment en coupant court à la bassesse au moindre signe de votre faiblesse.

Disséquez ainsi votre semaine pour avoir un bon aperçu de vos progrès. Et si vous constatez n’avoir rien appris et ne rien pouvoir en tirer de bon, alors elle fut perdue. Faites cela pour prendre conscience de l’usage que vous faites de votre temps, pour souvent dans un premier temps, un bon coup de pied aux fesses, puis petit à petit, l’ancrage de solides et conquérantes habitudes.

N’oubliez pas toutefois que la semaine est passée. Ne vous apitoyez pas sur votre sort à propos du temps perdu ! Usez simplement de ces nouvelles connaissances acquises sur vous-même et de l’analyse que vous en faites pour agir en conséquence dans les semaines à venir. Car l’exercice, lorsqu’attaqué sous le bon angle, peut être une sacrée source de motivation. Ce petit effort de fin de semaine vous fournit enfin quelques données objectivables, presque mesurables, sur lesquelles votre jugement trouve une accroche et devient alors possible et surtout concret. Rattrapez le hasard des évènements et n’avancez plus dans le vide.

Naturellement, la prochaine étape est de planifier la semaine à venir. Considérez vos objectifs à moyen et long terme. Considérez ce que vous avez déjà accompli à leurs égards et décidez des actions précises que vous allez désormais pouvoir entreprendre pour vous rapprocher de leurs réalisations. Décidez de ce sur quoi vous focaliserez votre attention et à la lumière des enseignements de la semaine écoulée, identifiez les risques de manquements. Imaginez alors les solutions à ces manquements, de sorte à ce que vous arriviez au pied du mur armé des outils adaptés pour passer aisément par-dessus.

Il est important de penser en terme d’actions directement réalisables. Par exemple, si votre projet consiste en l’écriture d’un script informatique, mais qu’il vous manque des connaissances pour cela, la première action est d’appeler ce professeur que vous savez être un expert et de lui demander de l’aide. Simple, mais encore faut-il le faire. En fin de semaine, demandez-vous : l’avez-vous fait ?

Il est aussi bon de garder une liste de ces résolutions de fin de semaine. Les évènements passants, on oublie vite les détails et à quel point nous étions résolu à faire avancer les choses : voyez ces moments de gloire où toute bassesse semble enfin éliminée dans un élan de combat radieux face à vos propres faiblesses … dans votre imagination seulement car le petit matin les voit réapparaitre plus fortes encore ! Prenez note. Arrivé le dimanche vous aurez ainsi accès aux mémoire d’une semaine auparavant et ne restera plus qu’à constater, analyser et enfin apprendre.

Le même processus en tant cette fois-ci qu’examens journaliers saura trouver ses bénéfices, avec quelques nuances toutefois. D’abord il serait stupide de passer une heure chaque jour à examiner sa journée. Ensuite une journée n’est pas un intervalle de temps suffisamment long pour tirer des conclusions pertinentes. Il se peut bien qu’un ami vous interpelle et que cela prenne une après-midi entière. Malgré que l’objectif de la journée vous aura échappé, on ne peut pas conclure au gaspillage, car les après-midis entre amis sont aussi importants et peuvent conduire à une meilleure productivité le lendemain. Les tendances intéressantes se font connaître sur un temps un peu plus long. Une semaine est bien.

Par contre, chaque soir, passez quelques instants de tranquillité, avant de vous coucher, pour revivre mentalement votre journée. Vous verrez que les journées pleines de dynamisme et d’accomplissements vous rempliront – précisément dans ces moments de contemplation – de fierté et d’envie de faire aussi bien le lendemain. Prenez quelques instants de plus pour visualiser le bon déroulement de la journée du lendemain.

Relevez donc la tête de temps en temps. Élevez-vous au-dessus de vos propres tendances comportementales et portez-y un regard objectif pour mieux les comprendre, pour mieux vous comprendre, en somme. Ces examens hebdomadaires – et à l’occasion journaliers – sont probablement les choses les plus importantes que vous puissiez faire dans vos semaines. Ne me dites pas que vous êtes trop occupé pour le faire. Vous êtes trop occupé de ne pas le faire.

Commenter / Voir les commentaires

...

Covid-19 : protégez votre cerveau !

J’aime me représenter mon esprit comme un jardin. On y trouve des bosquets taillés à la perfection, des constructions savamment réfléchies, quelques endroits qui laissent peu de place au désordre, la science et la logique en maîtres des lieux, d’autres où la végétation évolue comme bon lui semble, libre et en harmonie, bien que sauvagement, pour une place à la créativité.

Je suis le jardinier.

Quelques coins me donnent du fils à retordre. Souvent la mauvaise herbe y prend ses droits et qu’il est dur de l’endiguer ! Parfois elle surgit dans mes carrés les mieux gardés. Là elle n’y survit jamais très longtemps. D’autres fois, quelques-unes apparaissent là où mon regard n’est pas, et alors elles profitent de l’occasion pour se multiplier à mon insu, jusqu’à occuper et détruire quelques précieux massifs.

Il est souvent trop tard quand je m’en rends compte. La prolifération peut atteindre de tels sommets qu’il devient ardu de la stopper. Et ne parlons pas de réparer les dégâts.

Nos esprits fonctionnent un peu tous de la même manière. Vous aussi avez vos beaux et vos moins beaux massifs, avec leurs vulnérabilités. Alors prémunissons nous d’un danger, car en ce moment, l’actualité offre aux mauvaises herbes un terreau dangereusement fertile.

Déjà qu’en temps normal nous sommes accablés de toute part par des informations que nous finissons toujours par consommer à notre insu, l’euphorie de l’actualité du moment vient centupler cet effet. En quelques jours seulement internet est devenu le brasier d’une information délirante. Impossible d’ouvrir une page sans tomber sur de nouveaux contenus concernant le virus. Mais est-il vraiment dans notre intérêt de nous exposer constamment à de telles informations ? N’avons-nous pas mieux à faire ?

Sans précaution de notre part, on a vite fait de laisser notre attention se perdre dans le piège de ces trous noirs et de l’éparpiller avec négligence, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus pour ce qui importe vraiment. Un aspect majeur des idées que je transmets sur le blog tourne autour de la notion de minimalisme digital, comme moyen de naviguer sereinement entre les promesses et les périls de la technologie.

Le minimaliste utilise consciemment la technologie, et notamment celle à la source de l’information, en l’orientant vers un usage spécifique et intentionnel. Il sait exactement ce pour quoi il s’apprête à utiliser son ordinateur avant de l’ouvrir, et une fois ouvert, ne réagit pas aux nombreux stimuli et ne dévie jamais de l’objectif. La technologie est puissante, et par là nous offre un moyen inestimable pour construire dans nos jardins quelques massifs toujours plus éminents et raffinés.

Mais cela n’est pas sans effets pervers, car notre esprit est plein de brèches et son état naturel veut que les mauvaises herbes y poussent tant que l’on n’est pas là pour les en empêcher. Alors, à l’inverse du minimaliste, le comportement le plus commun se trouve chez le maximaliste, qui adopte la technologie avec légèreté, par inconscience de son impact sur nos bas instincts et lui laissant tout loisir de rependre ses dégâts.

Et la raison pour laquelle je vous parle là de ces idées est qu’elles ont mieux que jamais leur place dans le contexte de surinformations que nous vivons. De toute part fusent les interpellations, agressions mentales presque, par un flot constant d’informations qui ne fait qu’affaiblir toujours un peu plus nos brèches et nous éloigne de nos bonnes intuitions morales et des choses enthousiasmantes de la vie – qui existent malgré la tourmente. Et si je loupais un communiqué capital ? Et si ce lien me faisait me sentir mieux ?

Dans cette poursuite fiévreuse, le jardinier perd le contrôle.

Alors je propose une solution en deux étapes à cet écueil, valable par temps de pandémie et de déroute économique aussi bien que par des temps moins troubles.

Premièrement, réservez un moment de la journée à la consultation de l’actualité et de vos feeds sur les médias sociaux. Une nouvelle locale et une nouvelle internationale à 10h le matin, par exemple. Passé ce moment – et c’est le point important -, ne consultez plus rien. Tout ce qui pourrait vous affecter personnellement vous parviendra par mail ou par téléphone de toute manière, alors pas d’inquiétude.

Ça ne sera pas facile, évidement, surtout en considérant à quel point les réseaux sociaux nous ont entrainé ces dernières années à voir nos téléphones comme la solution parfaite pour soulager nos pulsions.

Ce qui m’amène au deuxième point : occupez-vous à des choses qui ont du sens. Notre cher ami microscopique nous laisse quelques temps à l’abri du tumulte de la vie quotidienne. Voyons cela comme une chance et profitons-en pour explorer quelques nouvelles occupations. Lisez, écrivez, dessinez, jouez de la musique, dansez, cuisinez, jardinez, pensez, faites du sport en plein air, et si vous ne savez pas faire tout cela, apprenez !

Car justement, tout cela ne signifie pas l’abandon de la technologie, mais bien au contraire, il s’agit d’apprendre à la diriger vers ce qui fait de nous de meilleures personnes. Internet est un moyen fabuleux pour apprendre, pour plonger notre attention dans des sujets qui n’ont rien à voir avec quelconque virus, pour se rendre utile à la communauté et je me réjouis de voir les évènements bousculer les choses de ce côté-là, de voir émerger des discussions sur les usages stratégiques de ces outils modernes dans une perspective pédagogique et espère que ce sont là autant de germes qui trouveront de quoi éclore à l’avenir.

Profitons de ces moments et de tous les prochains pour cultiver nos jardins de la plus belle des manières.

Prenez soin de vous, et bonne diète médiatique.


PS. Tout ce que j’écris ici trouve son écho dans mon guide l’Essence de l’Excellence, en téléchargement ci-dessous, avec des mots un peu différents et en développant les idées à l’usage des étudiants.

Si tu es étudiant et souhaites développer tes capacités, je ne saurais trop te conseiller de commencer par ce guide.

Commenter / Voir les commentaires

...

Vaincre la peur de la prise de parole en public

Quand en juin dernier on m’a proposé de témoigner de mon parcours devant les nouveaux L1 en ce début d’année scolaire, et que j’ai accepté sans trop réfléchir, aurait-on dû aussi me dire que ce serai face à un amphi entier qu’il s’agissait de le faire ! Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu du mal à prendre la parole devant un auditoire – petit ou grand – cela n’a jamais changé grand-chose. Attendre son tour, la boule au ventre, la gorge serrée, incapable de capter la discussion alentour, jusqu’au moment de prendre la parole et ne dire qu’à peine le tiers de ses idées avec un charisme digne du plus stressé des mollusques : un lieu commun à beaucoup d’entre nous, n’est-ce pas ?

J’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’un manque de confiance en moi et autant que possible je préférais éviter l’exercice plutôt que de l’affronter. Jamais je ne cherchais à m’affirmer, et en réalité, cela allait à ma convenance. Que quelques fous se proposent pour parler à ma place, c’était tant mieux ! Depuis quelques années, mes lectures, recherches et expériences m’ont doucement et progressivement lancé sur de nouveaux chemins, en m’exposant à quelques principes fondamentaux desquels je ne pouvais que constater la puissance : une prise de conscience mère d’une nouvelle forme d’affirmation et de confiance en moi, en mes idées, à ma manière de les articuler et de les présenter, et surtout, à mon rapport aux autres, m’étonnant de les voir désireux d’apprendre des quelques bribes d’informations que je pouvais transmettre. L’intérêt nouveau porté dans mes activités et leur profonde signification me rendaient plus à l’aise pour en parler. Or, malgré tout cela, l’angoisse face au public persistait, ne serait-ce même qu’un minuscule auditoire de personnes que je connais pourtant bien.

Alors une conclusion semblait s’imposer : le manque de confiance, si on le définit par un doute aigu et subversif de son potentiel propre, n’était pas au cœur du problème, car assisté d’un nouveau doute, désormais prudent et fécond, plus que jamais j’étais conscient de posséder une infime fraction de pouvoir, une capacité d’influence positive sur ceux qui m’écoutaient ; plus que jamais je réussissais, là où d’habitude je n’osais pas même me lancer dans la quête d’un possible succès et pourtant rien n’y faisait, à chaque fois ma voix fourchait et mes idées bien construites se dispersaient, pour ne laisser entendre qu’une version médiocre et disgracieuse de ce que je souhaitais transmettre.

Je ne sais pas si l’analyse peut se généraliser, si elle ne se cantonne qu’à ma seule expérience ou, au contraire, puisse résonner chez certains d’entre vous. Dans le doute, je tente de l’exposer, en espérant que chacun puisse y trouver son compte et en tirer les conclusions qui lui sont propres et quelques prises de conscience.

En réalité, j’avais peur. Non pas du jugement des autres, ni d’être au centre de l’attention, ni de me tourner en ridicule : c’est de moi dont j’avais peur. De ma propre incapacité à rendre mon propos clair et engagent ; de me savoir incapable de livrer un discours fluide et agréable ; surtout : de mon manque de tact et de sagacité. Peur que les bons mots ne viennent pas au bon moment, peur de ne pas savoir rebondir sur une réaction de l’auditoire, peur que mon propos se perde derrière mes pauvres mots désordonnés. Dès qu’il s’agissait de prendre la parole tournait en boucle dans ma tête l’anticipation du fiasco, en quelque sorte. Une peur d’échouer, paralysante, pernicieuse, car produisant les effets qu’elle redoute.

Une peur par habitude, bien enracinée. Un réflexe pervers qui s’est construit, petit à petit, sur chacune de mes prises de parole, car plutôt que de l’endiguer, je lui laissais tout loisir de s’installer.

Identifier cette peur et l’accepter comme premier élément limitant est la première étape vers la guérison. Malgré tout, cela ne sera pas suffisant et j’aime dire qu’il est nécessaire d’ajouter deux ingrédients capitaux : d’abord la sérendipité proactive, puis le courage et l’audace, qui vont de pair.

Le savant qui fait une découverte fortuite expérimente la sérendipité. C’est-à-dire la conjonction entre le hasard heureux et l’aptitude propre à saisir la chance qui se présente. L’attitude proactive, elle, se caractérise par un dynamisme de corps et d’esprit, comme action portée sur notre champ d’influence. Pas de perte d’énergie sur ce qui nous est inaccessible, mais plutôt une allocation intelligente de nos ressources de sorte à rendre accessible l’inaccessible et ainsi élargir solidement notre champ d’influence.

Faites fonctionner de concert ces deux idées. Soyez toujours prêt à saisir les chances qui s’offrent à vous et travaillez à ce qu’elles émergent en quantité. C’est-à-dire, dans notre cas, persistez dans l’étude, même lorsque vous ne percevez pas l’allure du chemin, car les trésors s’y trouvent assurément. Alors, chaque fois que vous monterez sur l’estrade, face à votre auditoire, la connaissance sera à portée de main, dynamique, de sorte à vous prémunir de ces textes appris par cœur qui sont une base majeure de la peur dont on parlait tantôt, car la limite de leur portée rend leur maitrise toujours fragile et incertaine. Soyez toujours prêt à prendre la parole, à saisir l’opportunité d’improvisation lorsque celle-ci surgit et tirez d’un tel exercice une qualité d’expression que les discours préparés ne connaissent pas, car dans notre cas ce sera la raison pure qui en toute sagacité guidera notre discours et qu’il est captivant de suivre en direct la réflexion dans l’esprit d’un orateur, plutôt que de suivre quelques fades récitateurs au discours mort !

Ainsi suit naturellement le deuxième ingrédient capital : le courage, qui d’abord vous élancera, puis vous permettra de dépasser les premiers fiascos, ainsi que de persister dans les moments où abandonner est si facile. Discours après discours, vous creuserez votre lit, vos structures d’idées se fortifieront, de même que votre assurance et le plaisir de l’exercice s’en trouvera à la clef. Vous en redemanderez.

Enfin, c’est à l’audace que vous devrez votre libération, car c’est par elle que fonctionnera la sérendipité proactive et que celle-ci rétroagira sur elle-même. Cherchez les situations délicates et plongez-y, là où vous n’aurez d’autres choix que de monter sur la scène, car c’est en forgeant que l’on devient forgeron et si l’on ne pousse pas les occasions, n’attendez pas à ce qu’elles surgissent d’elles-mêmes.

Par ces quelques conseils, j’espère que vous parviendrez à reléguer la peur à de vieux souvenirs et que vos premiers pas assurés vous rempliront d’une bonne fierté émancipatrice. Le moteur de votre assurance n’est pas autre chose que l’action que vous portez sur le monde et la constatation de ses effets positifs. Là vous porterez vos efforts !

Commenter / Voir les commentaires

...