[EL] Quand le mieux devient l’ennemi du bien : comment lutter contre le perfectionnisme

​Il y a quelques jours, nous avons évoqué le stress dû aux examens et nous avons vu comment le surmonter. L’article nous a permis de mettre en évidence un facteur de stress important (parmi d’autres) : le perfectionnisme.

​Mais le perfectionnisme pose bien d’autres problèmes que simplement un stress supplémentaire. Je pense qu’il est très important de le traiter plus en profondeur. C’est ce que nous allons faire aujourd’hui.

​« Perfectionism is the voice of the oppressor, the enemy of the people. »

Anne Lamott – Dans Bird by Bird

« Le perfectionnisme est la voix de l’oppresseur, l’ennemi des gens. » Cette citation nous met directement dans l’ambiance. Anne Lamott ne fait pas de cadeau au perfectionnisme et le décrit comme une bien mauvaise chose. Elle a raison. Mais avant de commencer j’aimerais nuancer ses propos. Je ne pense pas que le perfectionnisme soit toujours mauvais. En réalité, il y a des moments où je crois qu’il est nécessaire, voire indispensable. Lorsque l’on travaille sur des composants à la pointe d’une avancée technologique, sur une nouvelle génération de puces informatiques, sur des instruments et équipements à envoyer dans l’espace, par exemple, je ne pense pas que le perfectionnisme puisse être écarté. Mais avant d’en arriver là, il y a un bon bout de chemin à faire, dans lequel il vous sera nécessaire de l’écarter. Sans quoi vous n’y arriverez jamais.

​Encore une petite précision à faire avant de commencer. Il faut savoir que la plupart des psychologistes divisent le perfectionnisme en deux grandes catégories.

  • Le perfectionnisme adapté.
  • Le perfectionnisme mal adapté.

​Les perfectionnistes adaptés sont ultra motivés par leurs activités et par leur travail. Aucun obstacle ne leur fait peur et rien ne les arrêtera avant qu’ils n’aient terminé à la perfection ce qu’ils ont entrepris. Ils poursuivent leurs buts sans compromettre leur estime personnelle et sans porter de regards critiques sur leur travail, car ils le destinent à être parfait. En contrepartie, ils investissent énormément de temps et d’énergie dans leurs projets, ce qui demande une quantité énorme d’efforts et d’attentions portés sur des détails (Ce n’est certainement pas la meilleure manière de travailler, en tout cas pas 20/80 comme je le préconise).

​À l’opposé, vous avez les perfectionnistes mal adaptés. Peut-être en faites-vous partie ? C’est la catégorie la plus répandue. Ces personnes sont enclines à procrastiner devant la tâche monumentale à réaliser. Ils ressentent beaucoup de stress et d’anxiété, parfois même de la dépression. Tout ça parce qu’ils se tiennent à un idéal inatteignable.

​Vous faites peut être partie de la première catégorie ? De la deuxième ? Un peu des deux ? Dans tous les cas, je suis désolé de vous le dire, le perfectionnisme vous empêche de réaliser pleinement vos objectifs et pire encore, vous empêche d’apprendre et de progresser.

​Pourquoi ?

​Pour répondre à cette question, j’ai identifié les quatre problèmes les plus importants dus au perfectionnisme :

  • La procrastination. Viser la perfection rend la tâche insurmontable, vous ne pensez pas pouvoir l’atteindre immédiatement, vous préférez attendre d’être prêt, donc vous procrastinez.
  • Vous n’en finissez jamais. Tout le temps en train de peaufiner pour, au final, ne jamais sortir une version finale de votre travail. Vous perdez du temps sur des détails, au lieu de passer à d’autres projets.
  • La stagnation. L’image de cet article n’est pas choisie au hasard. Le développement de vos compétences et connaissances souffre du perfectionnisme car vous n’apprenez pas de vos erreurs. Vous n’en faites pas.
  • Le stress et l’anxiété. S’en tenir à un idéal inatteignable vous met la pression. Allez-vous y arriver ? Les gens vont-ils vous juger ?

​​Comment lutter contre le perfectionnisme ?

​1 – Réalisez que vous n’êtes pas parfait

Et que personne d’autre ne l’est ! Cette deuxième affirmation est certainement la plus difficile à concevoir. Nous avons tous une personne à laquelle nous nous identifions. Un modèle, un héros, une célébrité ou tout simplement un ami. ​Internet et les réseaux sociaux n’arrangent d’ailleurs pas les choses. Tout le monde se montre sous son plus beau jour. On ne voit que leur succès, jamais leurs échecs.

​Comprenez que les échecs et les erreurs font partie des processus d’apprentissage. Sans eux, personne n’évoluerait. Vous n’êtes pas parfait, il vous arrive d’échouer, mais c’est OK. C’est normal. Soyez content d’échouer. ​Embrassez l’imperfection, embrassez les erreurs, car ce sont elles qui vous mèneront vers la réussite, ce sont elles qui vous rendront plus fort.

​La première fois que vous avez fait du vélo, étiez-vous parfait ? Certainement pas. C’est impossible. Vous êtes tombé, vous vous êtes fait mal, mais vous avez réessayé, encore et encore, jusqu’à ce que vous ne tombiez plus. Mais est-ce la perfection ? Toujours pas. Vous arrive-t-il encore de tomber aujourd’hui ? L’apprentissage est constant tout au long de la vie. 

​Et pourtant faire du vélo n’est pas compliqué ! S’il vous a fallu autant d’essais pour maîtriser une compétence aussi simple, ne pensez-vous pas qu’il vous en faudra dix fois plus pour maîtriser la prise de parole en public, un cercle de compétences pour vos examens ou tous autres domaines dans lesquels vous visiez la perfection ?

2 – Faites le premier pas

Et laissez votre travail vous submerger, laissez le désordre vous envahir. Autrement dit, n’attendez pas d’être prêt avant de commencer.

​Si le jugement des autres vous préoccupe, faites les premières phases de votre travail en privé.

« Write with the door closed; rewrite with the door open. »

Stephen King – Dans A Memoir of the Craft

Ne vous préoccupez pas de l’état, de la forme et de l’avancement de votre projet durant ces premières phases. Autorisez-vous l’anarchique et le désordre, l’imperfection en somme.

​Ensuite, recueillez quelques feedbacks et quelques avis et critiques constructifs sur le travail que vous avez fourni jusqu’alors. Dès lors, vous pourrez vous atteler à y mettre de la forme et à perfectionner votre travail, sans pour autant viser la perfection.

​3 – Fixez-vous des échéances

Voilà certainement la technique qui m’a été le plus bénéfique. Publier un article par jour n’est pas chose aisée. Je vous assure qu’il est impossible d’être perfectionniste et que la procrastination est, par définition, impossible. J’en profite d’ailleurs pour vous dire que dorénavant je vais réduire le rythme de publication (il reste encore à déterminer), ce qui me permettra de travailler plus en profondeur sur d’autres projets liés au blog.

​Il y a plein de sites internet, d’auteur et de styles d’écriture que j’aimerais pouvoir imiter. Je n’aime pas spécialement la manière dont j’écris et il m’arrive souvent de ne pas trouver les mots exacts pour ce que j’ai à dire. Mais c’est normal. Je ne peux pas être parfait du premier coup. Je ne peux pas imiter immédiatement les auteurs qui eux sont passé par pleins d’échecs pour en arriver à leur niveau actuel. Il va falloir que j’échoue, moi aussi, que je fasse des erreurs, que je sois imparfait.

​Et pour se forcer à être imparfait, rien de mieux que de se fixer des échéances. Ayez des objectifs précis et planifiés et veillez à ne pas dépasser vos propres limites. Vous avez besoin d’une structure qui vous force à ne pas rester trop longtemps sur un projet.

​4 – Évoluez petit à petit

​« Améliorez-vous d’1% par jour, et au bout de 70 jours vous êtes deux fois meilleur. »

​Alan Weiss

Si vous progressez d’1% à chaque échec ou à chaque erreur que vous commettez, petit à petit, toutes ces évolutions vont s’accumuler pour atteindre un niveau d’expertise conséquent. Sans commettre d’erreurs, ni d’échecs, vous serez incapable d’atteindre ce niveau.

​S’arrêter à un certain point d’avancement du projet, faire des erreurs, avoir des imperfections, recueillir de mauvais feedbacks, etc… tout ceci fait partie du processus d’apprentissage. Il faut l’accepter et apprendre de ses échecs. Un article complet est consacré à ce sujet. Consultez-le ici. 

​Être imparfait 9 fois d’affilée vous permettra d’atteindre, la 10ème fois, un niveau de perfection que vous n’osiez même pas imaginer lors de votre première tentative.

5 – Laissez vos influences vous inspirer, mais ne vous mesurez pas à elles

Un élève ne doit pas mesurer ses compétences à celles de son maître. Si vous avez une idole, un modèle que vous aimeriez imiter, inspirez-vous-en, mais ne vous mesurez pas à lui. Ça ne serait que stress et pression supplémentaires dont vous vous passeriez bien.

​La seule et unique chose à laquelle vous devez vous mesurer est vous-même et votre essai précédent. Influencez-vous du travail d’autrui, inspirez-vous-en, tentez éventuellement de le reproduire, mais n’espérez en aucun cas faire quelque chose de similaire. Ce n’est pas possible, car eux-même ont échoué à maintes reprises avant d’atteindre le niveau de perfection que vous leur accordez.

​Conclusion – comment surmonter le perfectionnisme

Voilà pour cet article. Pour tout vous dire, je le trouve terriblement imparfait. Il y a plein de choses que je ne pense pas avoir dit de la bonne manière. Plein de tournures de phrases ne me conviennent pas parfaitement. J’aimerais pouvoir en dire plus sur le sujet, faire plus de recherches. Mais l’article est déjà très long et je ne peut m’éterniser plus dessus. Je suis donc obligé d’aller à l’essentiel. Tout ça parce que je me suis fixé une échéance. Sans celle-ci, vous risqueriez de ne pas bénéficier de l’article. Il n’est pas parfait, mais il est utile et ceci me convient.

​Une dernière chose : dans le cas où vous vous adressez à une audience, gardez à l’esprit qu’elle ne saura jamais ce que vous ne lui avez pas dit et qu’elle ne saura jamais que vous n’êtes pas satisfait de votre prestation. Peut-être l’a-t-elle trouvé parfaite ? Peut-être avez-vous trouvé cet article parfait ?

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