J’aime me représenter mon esprit comme un jardin. On y trouve des bosquets taillés à la perfection, des constructions savamment réfléchies, quelques endroits qui laissent peu de place au désordre, la science et la logique en maîtres des lieux, d’autres où la végétation évolue comme bon lui semble, libre et en harmonie, bien que sauvagement, pour une place à la créativité.
Je suis le jardinier.
Quelques coins me donnent du fils à retordre. Souvent la mauvaise herbe y prend ses droits et qu’il est dur de l’endiguer ! Parfois elle surgit dans mes carrés les mieux gardés. Là elle n’y survit jamais très longtemps. D’autres fois, quelques-unes apparaissent là où mon regard n’est pas, et alors elles profitent de l’occasion pour se multiplier à mon insu, jusqu’à occuper et détruire quelques précieux massifs.
Il est souvent trop tard quand je m’en rends compte. La prolifération peut atteindre de tels sommets qu’il devient ardu de la stopper. Et ne parlons pas de réparer les dégâts.
Nos esprits fonctionnent un peu tous de la même manière. Vous aussi avez vos beaux et vos moins beaux massifs, avec leurs vulnérabilités. Alors prémunissons nous d’un danger, car en ce moment, l’actualité offre aux mauvaises herbes un terreau dangereusement fertile.
Déjà qu’en temps normal nous sommes accablés de toute part par des informations que nous finissons toujours par consommer à notre insu, l’euphorie de l’actualité du moment vient centupler cet effet. En quelques jours seulement internet est devenu le brasier d’une information délirante. Impossible d’ouvrir une page sans tomber sur de nouveaux contenus concernant le virus. Mais est-il vraiment dans notre intérêt de nous exposer constamment à de telles informations ? N’avons-nous pas mieux à faire ?
Sans précaution de notre part, on a vite fait de laisser notre attention se perdre dans le piège de ces trous noirs et de l’éparpiller avec négligence, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus pour ce qui importe vraiment. Un aspect majeur des idées que je transmets sur le blog tourne autour de la notion de minimalisme digital, comme moyen de naviguer sereinement entre les promesses et les périls de la technologie.
Le minimaliste utilise consciemment la technologie, et notamment celle à la source de l’information, en l’orientant vers un usage spécifique et intentionnel. Il sait exactement ce pour quoi il s’apprête à utiliser son ordinateur avant de l’ouvrir, et une fois ouvert, ne réagit pas aux nombreux stimuli et ne dévie jamais de l’objectif. La technologie est puissante, et par là nous offre un moyen inestimable pour construire dans nos jardins quelques massifs toujours plus éminents et raffinés.
Mais cela n’est pas sans effets pervers, car notre esprit est plein de brèches et son état naturel veut que les mauvaises herbes y poussent tant que l’on n’est pas là pour les en empêcher. Alors, à l’inverse du minimaliste, le comportement le plus commun se trouve chez le maximaliste, qui adopte la technologie avec légèreté, par inconscience de son impact sur nos bas instincts et lui laissant tout loisir de rependre ses dégâts.
Et la raison pour laquelle je vous parle là de ces idées est qu’elles ont mieux que jamais leur place dans le contexte de surinformations que nous vivons. De toute part fusent les interpellations, agressions mentales presque, par un flot constant d’informations qui ne fait qu’affaiblir toujours un peu plus nos brèches et nous éloigne de nos bonnes intuitions morales et des choses enthousiasmantes de la vie – qui existent malgré la tourmente. Et si je loupais un communiqué capital ? Et si ce lien me faisait me sentir mieux ?
Dans cette poursuite fiévreuse, le jardinier perd le contrôle.
Alors je propose une solution en deux étapes à cet écueil, valable par temps de pandémie et de déroute économique aussi bien que par des temps moins troubles.
Premièrement, réservez un moment de la journée à la consultation de l’actualité et de vos feeds sur les médias sociaux. Une nouvelle locale et une nouvelle internationale à 10h le matin, par exemple. Passé ce moment – et c’est le point important -, ne consultez plus rien. Tout ce qui pourrait vous affecter personnellement vous parviendra par mail ou par téléphone de toute manière, alors pas d’inquiétude.
Ça ne sera pas facile, évidement, surtout en considérant à quel point les réseaux sociaux nous ont entrainé ces dernières années à voir nos téléphones comme la solution parfaite pour soulager nos pulsions.
Ce qui m’amène au deuxième point : occupez-vous à des choses qui ont du sens. Notre cher ami microscopique nous laisse quelques temps à l’abri du tumulte de la vie quotidienne. Voyons cela comme une chance et profitons-en pour explorer quelques nouvelles occupations. Lisez, écrivez, dessinez, jouez de la musique, dansez, cuisinez, jardinez, pensez, faites du sport en plein air, et si vous ne savez pas faire tout cela, apprenez !
Car justement, tout cela ne signifie pas l’abandon de la technologie, mais bien au contraire, il s’agit d’apprendre à la diriger vers ce qui fait de nous de meilleures personnes. Internet est un moyen fabuleux pour apprendre, pour plonger notre attention dans des sujets qui n’ont rien à voir avec quelconque virus, pour se rendre utile à la communauté et je me réjouis de voir les évènements bousculer les choses de ce côté-là, de voir émerger des discussions sur les usages stratégiques de ces outils modernes dans une perspective pédagogique et espère que ce sont là autant de germes qui trouveront de quoi éclore à l’avenir.
Profitons de ces moments et de tous les prochains pour cultiver nos jardins de la plus belle des manières.
Prenez soin de vous, et bonne diète médiatique.
PS. Tout ce que j’écris ici trouve son écho dans mon guide l’Essence de l’Excellence, en téléchargement ci-dessous, avec des mots un peu différents et en développant les idées à l’usage des étudiants.
Si tu es étudiant et souhaites développer tes capacités, je ne saurais trop te conseiller de commencer par ce guide.