Si l’élégance se justifie ?
Il arrive qu’on me reproche mon emploi d’un niveau de langage trop pointu, une élégance superflue.
Je comprends, et devrais m’adapter peut-être. Et pourtant, l’élégance se justifie d’un intérêt : elle ne se laisse pas facilement lire mais préfère se faire réfléchir. Elle ménage une sélection en éloignant ceux qui n’y trouvent pas leur prémâché rassurant. Les autres, dans l’inconfortable effort de mâcher par eux-mêmes, embrasseront le message, l’analyseront et extrapoleront les sens nombreux, l’élégance créant ses propres intentions, à quelques pas de celles de l’auteur ; de nouveaux trains de pensées naissant ainsi, pour le meilleur.
Aussi, à la façon des plus grands mets, la saveur ne se trouve-t-elle pas dans la subtilité, dans la belle disposition qui ne dit pas tout mais laisse simplement entrevoir.
C’est vrai… m’affranchir de l’élégance m’éviterait bien des efforts et des tourments. Et pourtant, cette difficile quête m’est précieuse et saura m’être bénéfique.
Difficile par crainte d’illégitimité. Parce que les mots ne sont pas toujours les miens et semblent parfois surgir plus de ma bibliothèque que de ma tête. Un emprunt aux airs de vols, qui met mal à l’aise lorsque nos pauvres talents sans mérites nous épient obstinément. Mais n’est-ce pas le lot de tous les auteurs ?
N’est-ce pas le lot de l’humanité, qui en copiant et en imitant souvent, finit quelques rares fois par créer et par innover, et enfin par transmettre, avec juste ce qu’il faut d’ambiguïté.
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