[EL] Qu’est-ce que la mémoire à long terme et comment en tirer parti grâce à 4 techniques simples

Tout le monde sait parfaitement ce qu’est la mémoire. Cette capacité à conserver et restituer des informations. Mais je crains que tout le monde ne sache pas ce qu’est la mémoire à long terme. Alors vous allez me dire que ce n’est pas bien compliqué à comprendre et que le nom parle de lui-même. Oui, vu comme ça il n’y a rien de bien compliqué et la réalité, c’est qu’il n’y a vraiment rien de bien compliqué. La mémoire à long terme est similaire à ce que vous connaissez de la mémoire, à la différence près que les informations sont conservées bien plus longtemps dans notre cerveau, voire même indéfiniment, auquel cas il est toujours possible de restituer l’information dans tous ses détails, même après 20 ans de conservation par exemple.

​Toutefois je pense qu’il est très important de voir plus en détails le fonctionnement de la mémoire à long terme. Ceci nous permettra d’en tirer plus facilement des conclusions et voir comment il est possible de l’améliorer pour avoir des bénéfices considérables.

​Alors qu’est ce que la mémoire à long terme ? Nous avons vu dans un article sur la mnémotechnique que notre cerveau se souvenait bien mieux des images, plutôt que des concepts abstraits. Alors illustrons la mémoire à long terme en images.

​Jouons à un jeu. Êtes-vous capable de répondre à mes questions ?

​Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? Pouvez-vous me le dire ? Il y a de forte chance pour que vous vous en rappeliez. Maintenant où étiez-vous quelque temps plus tard, le 14 octobre 2001 ? Si vous faites partie du commun des mortels, vous n’avez certainement pas la moindre idée de l’endroit où vous étiez à une date aussi lointaine ! Et rassurez-vous, c’est tout à fait normal.

​Continuons.

​Avez-vous déjà eu un accident de voiture ? Si oui, pouvez-vous me dire à quelle date ? À quelle heure ? Avec quelles personnes étiez-vous ? Qui était au volant ? Où est-ce que ça c’est passé ?

​Je suis prêt à parier que même si l’accident s’est passé il y a plus de 10 ans, vous êtes toujours capable de me rapporter toutes les informations que je vous ai demandées, tous les détails. N’est-ce pas le fruit de la mémoire à long terme ?

​Allons plus loin.

​Pouvez-vous me dire toutes les fois où vous avez pris la voiture depuis cet accident ? Certainement pas !

​Pourquoi toutes ces questions ? Tout simplement pour faire ressortir le fond du problème et trouver une solution. Pourquoi êtes-vous capable de vous souvenir de certaines choses qui semblent être dans votre mémoire à long terme, comme ce que vous faisiez lors des attentats du 11 septembre ou tous les détails de votre accident de voiture, mais vous êtes complètement incapable de vous rappeler d’autres choses comme ce que vous faisiez le 14 octobre 2001 ? (j’espère que ce n’était pas votre anniversaire sinon l’analyse risque d’être faussée)

​La réponse est double. Premièrement, la raison est qu’il y a eu de l’action et de l’émotion impliquées dans les événements dont vous vous souvenez. L’action et l’émotion vont littéralement cimenter un événement, une notion ou une compétence dans votre mémoire à long terme. Et la deuxième raison est qu’il y a de forte chance que vous en ayez parlé, reparlé et entendu parler à de nombreuses reprises. D’abord très souvent, puis petit à petit de moins en moins. Remarquez qu’aujourd’hui encore il vous arrive de parler du 11 septembre ou de votre accident de voiture. C’est ce qu’on appelle la répétition espacée.

​La mémoire à long terme #CultureGénérale

​Bon alors je pense que vous avez tous bien compris en quoi consiste la mémoire à long terme. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous le rappeler encore une fois. Mais il est tout de même intéressant de se pencher un peu plus sur la théorie avant de voir comment il est possible de l’améliorer. D’ailleurs, si vous me lisez depuis quelque temps, vous devriez déjà avoir quelques pistes, même inconsciemment, sur comment l’améliorer et en tirer parti !

30 secondes. C’est le temps nécessaire à votre cerveau pour inscrire une information dans votre mémoire à long terme. Par définition, tout ce qui est conservé plus de 30 secondes dans votre mémoire est considéré comme étant dans votre mémoire à long terme. D’ailleurs à partir de maintenant on l’appellera MLT, parce que c’est long de l’écrire en entier à chaque fois et ça doit être long pour vous aussi. (source : Wikipédia) Alors bien sûr 30 secondes, c’est énorme ! Mais rassurez-vous il est possible d’aller bien, bien, au-delà. Sinon cet article serait inutile. C’est juste que je trouvais cette information intéressante à connaître.

​À l’inverse, vous avez la mémoire à court terme. Celle-ci, logiquement, est considérée comme permettant un maintien temporaire de l’information (30 secondes ou moins). Dans cet article je parle de la mémoire de travail et comment l’améliorer grâce au Dual’N BackLa mémoire de travail n’est rien d’autre qu’une composante de la mémoire à court terme. Elle permet de maintenir l’information mais aussi de la manipuler. Une information peut donc passer de la mémoire à court terme à la MLT si elle est maintenue assez longtemps grâce à l’action + émotion, ou grâce au système de répétition espacée.

​Il faut bien savoir qu’une information stockée dans la MLT n’est pas statique, c’est-à-dire qu’elle est influençable par les répétitions qu’on lui inflige. Ceci permet de la stocker encore plus profondément, de la modifier si nécessaire (parce qu’il y a eu une évolution de la science, ou des événements particuliers etc., qui nécessitent une mise à jour de l’information), mais aussi de la falsifier contre son gré (ce qui amène parfois certaines personnes à construire de faux souvenirs).

​Il y a trois types de MLT. Et la bonne nouvelle est qu’il est possible de tous les améliorer (bien que pour le troisième ce ne soit pas toujours nécessaire).

​Le premier type est la MLT procédurale. C’est ce qui vous permet de conduire une voiture sans avoir à réapprendre son fonctionnement tous les jours ! En somme, tout ce qui se réfère aux capacités motrices, aux savoirs faire et aux gestes habituels (faire ses lacets, faire du vélo, savoir taper vite au clavier, etc). Dans ce cas de figure vous n’avez pas vraiment d’autre choix que d’apprendre en pratiquant.

​Ensuite vous avez la MLT sémantique, celle qui nous intéresse le plus. Elle est responsable de la conservation de toutes vos connaissances. Si vous êtes capable de dire de quel pays Paris est la capitale, c’est grâce à votre mémoire sémantique. Mais ceci va bien au-delà, la MLT peut être (presque) infinie. Donc ne vous inquiétez pas, vous allez pouvoir y mettre tous vos textes de droits, tous vos théorèmes de mathématiques, vos cours d’histoire, etc. Bien que ceci demande un minimum de travail. Rien n’est gratuit.

​Puis la dernière, vous l’attendez peut-être comme on en a parlé en introduction, c’est la MLT épisodique. Celle qui est responsable du souvenir de votre accident de voiture, ou des événements de votre vie en général.

​Comment améliorer sa mémoire à long terme

​Assez de la culture générale, passons aux choses pratiques, à ce qui nous intéresse vraiment : comment améliorer sa MLT. Alors avant de se lancer dans les explications, je voulais vous prévenir, certes les techniques que je vous présente sont ultra efficaces, certainement plus efficaces que toutes celles que vous utilisez déjà, mais elles demandent tout de même un minimum de travail et de détermination. Autrement dit, si vous ne les appliquez pas ou si vous les appliquez à moitié parce que vous avez peur de changer vos habitudes, soyez certains qu’elles ne fonctionneront pas.

​Voilà, précaution prise, c’est parti !

​1 – Le palais de mémoire

​Je vous ai dit plus haut que si vous me lisez régulièrement, vous allez facilement faire des liens entre tous mes articles. Voici le premier de ces liens. Dans cet article, je vous parle de moyens mnémotechniques pour améliorer votre mémoire. Et lorsque je parle de mémoire, je parle bien évidemment de MLT. J’aurais pu nommer le titre de cette section par 1 – La mnémotechnique, mais nous sommes ici pour n’utiliser que les techniques qui fonctionnent le mieux et qui sont le plus efficaces (ou 20/80). C’est pourquoi je ne vous parle que de la technique du Palais de mémoire.

Pour avoir plus de détails sur cette technique, redirigez-vous donc sur cet article. Dans les grandes lignes, il s’agit de vous faire une image mentale d’un lieu que vous connaissez particulièrement bien (maison, école, parc, etc.) et de placer chaque élément que vous souhaitez retenir de manière atypique dans les pièces de ce palais de mémoire. De la sorte, lorsque vous devez restituer une information, vous n’avez plus qu’à vous rendre (mentalement bien entendu) dans votre palais de mémoire et retrouver les objets que vous cherchez.

​Cette technique est assez étrange, je vous l’accorde. Il n’est pas facile d’être très clair dans un court résumé, c’est pourquoi je vous encourage vraiment à lire l’article sur la mnémotechnique. Celui-ci rentre beaucoup plus dans les détails et vous permettra de vraiment cerner son fonctionnement.

​2 – Action

​Nous avons vu en introduction que l’action était une partie de ce pour quoi une information était stockée dans la MLT. Votre cerveau se souvient des choses où une action a été impliquée, c’est pourquoi vous vous souvenez de votre accident de voiture. Il est donc tout naturel et logique de jouer sur ce facteur pour l’améliorer.

​Mais comment faire ?

​Et bien tout simplement en créant des images dans votre esprit avec des tonnes et des tonnes d’actions, puis en conservant mentalement ses actions dans votre palais de mémoire. Par exemple, si vous voulez apprendre le mot manger en anglais, stockez quelqu’un en train de manger des nouilles dans un hamac en Thaïlande. Rappelez-vous que plus ce sera atypique et contraire à vos attentes et habitudes, plus vous vous en souviendrez.

​3 – … et Émotion

​Dans le même état d’esprit, liez ce que vous apprenez à l’émotion que vous éprouvez pour cette chose. Pourquoi vous vous souvenez de la plus belle fille – ou le plus beau garçon – de votre classe au collège, mais vous n’avez aucune idée de qui a été votre voisin de classe pendant tout un semestre ? Parce que l’émotion vous fait vous souvenir de cette fille/garçon. Elle lie les choses dans votre mémoire.

​En pratique, c’est exactement la même chose que pour l’action. Lorsque vous créez vos images à placer dans votre palais de mémoire, liez-les à des tonnes d’actions ed’émotions. Si vous voulez retenir des faits historiques de guerre par exemple, liez-les à une véritable bataille aérienne, avec des bombes lâchées dans tous les sens et à la peur que représente ce moment.

​Au-delà du palais de mémoire, cette section sur l’émotion rejoint parfaitement l’article que j’ai fait hier sur la nécessité d’être passionné par ce que l’on fait. Plus on aime nos activités, plus on met d’émotion dans notre apprentissage et plus on retient longtemps ce qu’on apprend. Tout est lié.

​4 – Le système de répétition espacée

​Pour mémoriser longtemps une notion, il est aussi nécessaire de faire des révisions. C’est ce qui s’est passé pour le 11 septembre ou pour votre accident de voiture. Mais attention, ces révisions sont organisées d’une manière bien particulière. Un jour après l’événement, tout le monde en parle et vous aussi, ce qui permet à votre cerveau de bien imprégner l’information. Puis plus nous avançons dans le temps, moins l’information est répétée.

​Le fonctionnement est exactement le même pour apprendre une notion. L’idée est de ne faire une révision que lorsque ceci est nécessaire. Regardez le graphe ci-dessous pour bien comprendre.

En premier lieu, vous apprenez (ou mémorisez) l’information. Votre capacité à restituer l’information va donc être de 100%. Mais petit à petit, cette capacité va diminuer. Le but est de faire en sorte qu’elle ne tombe jamais en dessous de 90%. Donc lorsque vous arrivez à 90%, vous allez devoir faire une première révision. Il se trouve que cette première révision va modifier la manière dont vous oubliez l’information. En somme, vous oubliez moins vite et ainsi, vous atteignez moins rapidement les 90% de capacité de restitution. Vous faites donc votre deuxième révision plus tard dans le temps. Et ainsi de suite. Troisième révision, quatrième, cinquième, etc. plus vous avancez, plus les révisions sont espacées dans le temps, jusqu’à ce qu’il n’y ait même plus besoin de réviser. Magique n’est-ce pas ? Et ceci va à l’encontre de ce que font la plupart des étudiants, à savoir réviser un maximum la nuit avant un examen, pour finalement tout oublier trois jours plus tard. Mauvaise stratégie.

​Comment mettre en pratique la répétition espacée ?

​Je vous l’accorde, il n’est pas évident de savoir quand notre capacité de restitution tombe en dessous de 90%. Dans l’idée, vous pouvez vous faire confiance, apprendre une notion et la réviser aujourd’hui, demain, dans une semaine, dans un mois, etc. Mais considérant les quantités énormes d’informations à apprendre en tant qu’étudiant, il ne serait pas efficace d’agir de la sorte et vous risqueriez de vite vous mélanger les pinceaux.

​J’ai une meilleure alternative à vous proposer : celle d’utiliser des applications qui ont des algorithmes qui se chargent de faire ce travail d’analyse à votre place. Tout ce que vous avez à faire est ouvrir votre application, voir ce que vous avez à réviser et faire votre révision. Et c’est tout. Pour apprendre l’anglais, je vous conseille vraiment MosaLingua, l’une des applications les plus efficaces que je n’ai jamais utilisée. Pour apprendre n’importe quoi d’autres, je vous conseille l’application Anki, elle est un peu plus difficile à prendre en main, mais fonctionne à merveille.

​Conclusion

​Vous vous plaignez d’apprendre, d’apprendre et d’apprendre encore, mais de ne rien retenir ? Beaucoup de personnes sont dans votre cas. À ce moment-là il faut se poser les bonnes questions. Qu’est-ce que je fais mal ? Que ne devrais-je pas faire ? Que devrais-je faire à la place ? La plus grosse erreur à commettre est de savoir que votre manière de fonctionner et de travailler est mauvaise et n’aboutit pas à de bons résultats, mais ne pas avoir le courage, ou simplement l’idée de la changer par peur de bouleverser vos habitudes ou par peur de ne plus agir comme la majorité.

​Dans cet article je vous propose 4 étapes à mettre en pratique pour améliorer votre mémoire à long terme. Celles-ci ont permis à Ronnie White de devenir double champion de mémorisation aux États-Unis. Je ne pense pas que ce soit de la chance ou seulement un bon tirage à la loterie génétique de la mémoire, mais simplement des techniques et stratégies consciencieusement appliquées qui lui ont permis de faire ce dont il est capable.

​Alors maintenant, à vous de vous demander ce que vous voulez vraiment. Garder vos pauvres méthodes ou en tester de nouvelles et voir si elles fonctionnent réellement sur vous ?

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