Bonne ou mauvaise idée : passer l’heure précédant votre examen le nez dans vos notes, la tête dans le doute, le tout dans la crainte et le stress d’un sujet mal maîtrisé, cherchant confirmation chez vos collègues des notions qui vous sauveront, passant en revue les potentiels sujets, vos potentielles structures de réponses, vous assurant de bien vous souvenir de ces quelques passages appris par cœur qu’on vous a dit être importants, pour vous étonner de votre état d’épuisement et de votre incapacité à réfléchir lorsque le moment fatidique arrive enfin ?
Assurément, mauvaise idée ! Le temps qui précède immédiatement votre épreuve est bien plus crucial que vous ne l’imaginez ; et que de mauvais emplois de ce temps l’on peut être témoin ! Comprenez bien qu’une épreuve typique vous teste à trois niveaux : (1) votre maîtrise théorique et pratique des concepts abordés en cours, (2) votre capacité à les synthétiser et les communiquer rigoureusement et efficacement, (3) votre capacité à le faire sous la pression de l’enjeu et d’un temps limité.
Du travail méthodique, méticuleux et bien huilé, fourni tout au long du semestre, augmenté d’une bonne remise en jambe grâce aux deux semaines de révision, vous êtes fin prêt pour triompher des deux premiers aspects de l’évaluation.
Mais ne vous arrêtez pas à la seule étendue de vos connaissances. En vérité, il s’agit tout aussi bien d’affuter votre capacité à les articuler en de courts et trépidants accès d’imagination, dans un contexte où stress et panique pointent souvent le bout de leur nez. Allez jusqu’au bout de la démarche. Finissez votre préparation tel un athlète le ferait. L’épreuve requiert énergie et vigueur d’esprit, une bonne disposition à l’intuition et à la créativité. Ce qui signifie qu’après avoir passé du temps sur l’apprentissage et la pratique, offrez-vous ce temps de relaxation nécessaire à ce que votre esprit puisse opérer sous la pression.
Certains estiment que de réviser jusqu’à la dernière minute leur permet de maintenir un élan intellectuel utile à leur performance durant l’épreuve. Je cède que cela peut être vrai. Dans un unique cas de figure toutefois – dans lequel vous ne voulez pas vous retrouver ! : ne pas avoir su tirer du semestre la préparation qui lui revient. Oui, dans ce cas il ne reste, en dernier espoir, qu’à se reposer sur un pauvre élan qui s’essoufflera, au mieux une fois l’épreuve terminée, au pire quelques minutes seulement après le début de celle-ci.
Autrement, à vous qui pensez cet élan salvateur, vous avez tort. Rien de mieux pour une dangereuse nervosité, un état de distraction et d’éparpillement cérébral qui ne vous sera d’aucune aide, bien au contraire. Serein, calme et confiant : tel est l’état que vous visez. Prenez l’heure avant l’épreuve pour vous relaxer et faire le plein d’énergie.
Voyez la chose sous l’œil d’un athlète. L’entrainement d’abord, assidu et intensif, puis le repos avant l’épreuve, nécessaire. Imaginez-vous courir et recourir votre 100m dans l’heure précédant le coup de feu officiel, cherchant à vous assurer d’en être capable. Mauvaise idée !
Lisez une fiction. Écoutez de la musique. Jouez quelques notes de guitare. Faites la vaisselle. Allez voir un ami – s’il est de ceux à encore réviser à cette heure-ci, passez-lui un lien du blog ! Dessinez. Faites quelques travaux faciles, sans lien avec l’épreuve à venir. Quelques courses rapides. L’idée est de maintenir votre esprit alerte sans pour autant l’épuiser. C’est-à-dire, ne perdez pas ce temps sur les réseaux sociaux, par exemple ! Ils ont la fâcheuse tendance à réduire à néant toute votre vivacité intellectuelle.
Anticipez pour vous rendre sur le lieu de l’examen. Arrivez-y 15 minutes en avance. Ainsi vous serez plus tranquille, et aurez le temps de mobiliser toutes vos facultés avant le début de l’épreuve. Profitez du chemin pour mentalement passer en revue quelques notions que vous maîtrisez parfaitement. Imaginez-vous triomphant d’un exercice challengeant. Imaginez le boost en confiance qu’un nouveau brillant résultat vous confèrera. Pas question de narcissisme arrogant – vous vous garderez bien d’un tel comportement en public – mais d’une manière astucieuse d’user du fonctionnement de votre cerveau. Ne vous privez pas de ces quelques moyens d’affermir votre assurance, d’échauffer méthodiquement votre esprit. Et pour éviter l’effet inverse, fuyez vos pensées des quelques notions boiteuses, celles sur lesquelles votre fragilité fait que vous redoutez qu’elles tombent. À défaut de solide maîtrise, un esprit vide et limpide vaudra mieux qu’un esprit embrumé de pensées négatives.
Élémentaire préparation en définitive. D’avoir conscience de son importance vous gardera de la négliger. Rappelez-vous, un travail orienté exclusivement connaissances et pratique n’aboutira qu’en une préparation partielle et imparfaite. Prenez le temps de vous relaxer ! Une fois la copie distribuée, l’esprit agile, l’intellect aiguisé, la volonté conquérante, aisément vous dominerez cette épreuve à tort redoutée par tant de vos collègues.